Lucien Bouchard n’a jamais été réellement souverainiste

Les derniers commentaires de Lucien Bouchard à propos de sa perte de foi en l’indépendance du Québec et au soi-disant virage radical identitaire du Parti Québécois confirment une fois pour toute que notre Lulu national n’a jamais été souverainiste.

Malgré son adhésion à l’option du « OUI » en 1980 et 1995, la somme de son implication politique concrète laisse transpirer en fait un fort penchant pro-fédéraliste.

En véritable girouette politique, il n’a cessé de passer d’un extrême à l’autre de l’axe souverainiste-fédéraliste.

Notons trois mouvements de ce genre :

– Il fut tout d’abord un partisan actif du Parti Libéral du Québec lors de la campagne de 1970 et rejoint le camp souverainiste en 1980 après les événements de la crise d’octobre.

– En 1988, il rallie le Parti progressiste-conservateur dans l’espoir de ramener le Québec dans le concert de la confédération canadienne mais crée le Bloc Québécois après l’échec du Lac Meech.

– En 1995, année du deuxième référendum, il s’implique dans la campagne et permet de rehausser la popularité de l’alternative souverainiste. Succédant à Jacques Parizeau à la tête du Parti Québécois en 1996, il porte le flambeau du nationalisme québécois jusqu’à sa démission en 2001 où il baisse les bras en déclarant qu’il n’a pu ranimer la flamme de la cause de la souveraineté du Québec.

Et, cette semaine, voici cette déclaration vitriolique dans laquelle il qualifie la recherche de la souveraineté comme un objectif chimérique. Il affirme même qu’il ne verra pas l’accession du Québec à son indépendance de son vivant et donc qu’elle est désormais futile.

Après moi le déluge…

On reconnaît bien là l’arrogance et la prétention de supériorité morale de cette ancienne icône du nationalisme québécois.

Lucien Bouchard fut un souverainiste par circonstance, non par conviction.

En 2001, il a déserté la chefferie du PQ devant l’insistance d’une franche de ce parti qui demandait une attitude plus agressive dans la promotion de l’idée de la souveraineté car sa propre conviction n’était pas aussi vivante que celle des vrais souverainistes. À la première occasion, il a courbé l’échine et n’a pu continuer le combat.

Par ailleurs, on est en droit de se demander si ce personnage est vraiment un nationaliste convaincu après sa participation à l’élaboration du Manifeste pour un Québec Lucide. Dans ce document teinté d’une pensée néolibérale, il acquiesce à un délestage des services publics québécois et des instruments de contrôle du peuple Québécois sur sa destinée économique. Mais comment permettre l’émancipation du Québec en vendant au capital international toutes les institutions publiques dont les Québécois se sont dotés depuis la Révolution tranquille? N’était-ce justement pas pour réaliser cette émancipation que nous les avions érigées?

Et que dire de sa sortie peu élégante de 2006 demandant aux Québécois de travailler plus comme si notre peuple était une bande de fainéants. Pourtant, nous avons réussi en moins d’une génération à passer d’une communauté à caractère agricole à une société industrielle moderne. De plus, y-a-t-il un mal à vouloir jouir de la vie en profitant d’un temps en famille ou dans les loisirs après une semaine complète de travail? Devrions-nous, comme le suggère Saint-Lucien, sacrifier nos vies pour satisfaire les impératifs du capital?

En fait, monsieur Bouchard est un conservateur économique avant d’être un souverainiste.

Pour lui, l’économie prime sur les velléités indépendantistes des Québécois, comme son ancien mentor Robert Bourassa qui croyait que la souveraineté politique passait derrière la satisfaction des besoins matériels et économiques. Apparemment, il revient présentement à ses premiers amours.

Comme si ce n’était pas suffisant, Lulu agit en revanchard en entremêlant ses intérêts familiaux avec ceux de la population du Québec tout en minant la crédibilité des forces souverainistes. Il faut remarquer que cette attaque peu subtile a suivi les déclarations de Pauline Marois, l’actuelle cheffe du Parti Québécois, qui comparaient son frère (Gérard Bouchard) au personnage fétiche d’Elvis Gratton en relation à son attachement au multiculturalisme. Une allusion maladroite de Marois, certes, mais qui ne valait pas cette louche affabulation de radicalisme nationaliste, voire même racial, envers le Parti québécois au sujet de son questionnement identitaire. Ce parti est depuis toujours tolérant envers les immigrants et n’a jamais fait preuve d’une xénophobie comparable à l’Action Démocratique du Québec comme l’affirme monsieur Bouchard.

Finalement, Lucien Bouchard est un bien pensant qui nous dicte quoi penser, nous pauvres Québécois incultes et ignorants. Maintes fois il retourna sa veste et il ose aujourd’hui nous faire encore la morale.

Mais je lui pose une question : si la solution est d’éclipser la souveraineté et de s’attarder entièrement aux problèmes du Québec tels que les finances publiques, l’éducation et la santé, pourquoi le Parti libéral du Québec, qui n’est pas astreint par des contraintes nationalistes,  n’a-t-il pu réussir à résoudre aisément ces maux en 7 ans de pouvoir?

21 réflexions sur “Lucien Bouchard n’a jamais été réellement souverainiste

  1. Je sais une chose, les « sages » déclarations de L. Bouchard en ont réveillés plusieurs qui finalement, peut-être, à la fin,…vont parler d’indépendance dans leurs blogues.

  2. decembre

    Ni Lévesque. Tous des menteurs hypocrites défenseurs de privilèges. On s’est bien fait avoir avec la mock-souveraineté.

  3. INDEPENDANT

    Excellent billet. Ça fait du bien d’apprendre que je ne suis pas le seul à considérer Saint-Lucien (sic) comme une girouette. Pas étonnant qu’il s’adonnait bien avec Mario Dumont…

  4. Hugo

    Excellent texte Jimmy. Je suis entièrement d’accord avec ton analyse sur les nombreux virages opportunistes de Lulu et sur le fait que ses politiques néolibérales ont fait beaucoup de tort au Québec et à la cause indépendantiste. Et c’est vrai qu’il passe son temps à faire la morale aux Québécois, que ce soit sur le travail et maintenant sur l’identité nationale. Pourtant cet homme n’avait pas hésité à déclarer que les femmes blanches québécoises ne faisaient pas assez d’enfants en 1995!

  5. Très bon papier Jimmy… Je suis cependant d’accord avec Bouchard lorsqu’il invite les militants du PQ à investir leur énergies sur les enjeux immédiats au lieu de s’entredéchirer sur le débat identitaire et sur la forme de laicité que nous désirons. Malheureusement, son attachement compulsif envers la croissance économique à tout prix lui fait oublier un autre enjeu important, sinon le plus important: ce que nous devons faire pour protéger notre environnement…

  6. Effectivement, je ne peux qu’aller avec la famille, et, en ce sens, féliciter cette excellente analyse Jimmy.

    Bouchard n’a jamais été indépendantiste, sauf finalement, que par convivialité avec ses intérêts capitalistes du moment précis. Bouchard de plus, avec ses morales à deux sous, n’est pas en mesure de dire aux québécois quoi faire, quand par exemple, il nous suggère, pour nous sortir de nos soit disant problèmes de finances publiques, d’imiter nos voisins du sud, pourtant pris dans un bourbier interminable. Il ne cite pas non plus, diverses sources d’études privées, qui avouent que le privé, par exemple en santé, coûte plus cher per capita que le public. Autrement dit, il voudrait assainir son porte-feuille, et non pas le nôtre, puisqu’en mettant de côté notre système de santé socialiste, nous serions pris, chacun, pour débourser d’avantage, sans pour autant augmenter la productivité, et surtout, l’accessibilité.

    Encore une fois, continue ton bon travail Jimmy! Et excellente analyse!

  7. Martin Beaudin-Lecours

    Oh là, là! Encore ces vieux réquisitoires clichés contre Bouchard parce qu’il n’est pas assez à gauche au goût de certains. Il serait devenu momentanément et temporairement indépendantiste par intérêt capitaliste maintenant! Heille les soixante-huitards, arrivez dans le nouveau millénaire!

    La fameuse sortie de Bouchard, en 2006, a de façon très évidente été déformée par la vindicte populiste et les preuves se trouvent ici même! C’est évident que même devant Larocque, Bouchard parlait de productivité. Et alors qu’il disait littéralement « travailler plus », le sous-titre grand-guignolesque de TVA est « On ne travaille pas assez fort ». Come on! Même le titre populiste du Journal de Mourial était plus près de ses propos. Bouchard ne faisait que souligner que la productivité de la nation québécoise était moins élevée qu’ailleurs, il ne jugeait pas le travail individuel des « petites gens ».

    Ceci dit, personnellement, il faut en prendre et en laisser avec cette obsession pour la productivité, car dans son calcul, les congés fériés sont entrés dans la colonne de soustractions. Ce qui veut dire que même s’il était prouvable que les Québécois travaillent aussi fort que le reste du Canada, le seul fait d’avoir une Fête Nationale supplémentaire le 24 juin réduit notre productivité!

    Bouchard, je l’aimais et je l’aime encore. Il avait raison de s’inquiéter de la dette et nous avons encore plus raison maintenant de nous en inquiéter! Et il n’est pas devenu souverainiste par intérêt capitaliste! Il l’a exprimé clairement récemment à Bernard Derome: parce qu’il a bien vu, pour avoir essayé lui-même très fort de renouveler le fédéralisme canadien, que c’était impossible. Ça ne peut pas être plus sincère, les Québécois l’ont senti et c’est pourquoi, grâce à lui, nous sommes passés bien proches de gagner ce référendum. En ce sens Bouchard reflète le cheminement de bien des Québécois, cheminement qu’il reste encore à faire pour beaucoup de Québécois. Il y a la vieille gauche qui tarde à comprendre…

  8. Hugo

    Parce qu’on est en désaccord avec Bouchard fait de nous des soixante-huitards! C’est plutôt Bouchard et compagnie qui devraient entrer dans le nouveau millénaire, car le marché du travail au Québec est marqué par l’augmentation des cadences de travail, la précarité, les coupures de personnel alors que la charge de travail entre les employés restants augumentent considérablement, etc.

    Pour ton info Martin il y a un congé férié dans le reste du Canada que nous n’avons pas au Québec et c’est une journée de congé civique au mois d’août qui compense pour la Fête Nationale du Québéc. J’en sais quelque chose pour avoir travaillé souvent dans des compagnies qui ont des sièges sociaux en Ontario.

    Il n’est pas inutile, bien au contraire, de souligner les multiples virages de Lucien Bouchard sur la question nationale québécoise, et de montrer ainsi son côté girouette. Et c’est un fait qu’une fois à la tête du PQ il a tout fait pour démobiliser les militants indépendantistes avec ses politiques et ses atermoiements.

  9. Martin Beaudin-Lecours

    Quand Bouchard a fait sa sortie, j’étais travailleur autonome et faisais 60 heures par semaine, mais je ne l’ai pas pris personnel. L’augmentation de la productivité, ce n’est pas juste de « faire plus d’heures » ou de « couper le BS » non plus. Ça veut aussi dire être bien formé pour les besoins d’aujourd’hui.

    Que ce soit le résultat d’un choix de société, bon ou mauvais, le Québec n’est pas très compétitif si on compare, disons, à la Chine. On a traversé la crise, heureusement, grâce à l’importance de notre secteur public, mais watchout les prochaines années avec l’explosion des coûts de santé et le maintien d’un important service de la dette. Moi, je reproche à la gauche du PQ de n’avoir jamais voulu regarder cela en face. Suffit de prononcer le mot « dette » et tout de suite on est qualifié par elle de « néolibérale » ou de « capitaliste ». Oui, ça fait soixante-huitard qui rêve encore au socialisme et à l’Internationale.

    Ce n’est pas Bouchard qui a créé la démobilisation! Quand Bouchard est arrivé, en sauveur, le PQ était déjà dans le trouble depuis quelques années. Et en plus, leur cause (que je partage) venait d’être perdue.

    Je ne peux pas croire que des souverainistes chient à ce point sur le seul mec qui a failli leur donner la victoire! Après cela, vous vous demanderez pourquoi le PQ fait du surplace depuis des années, incapable de rallier les jeunes et, pire, laissant le champs libre à la « plus que droite » libertarienne pour ce qui est d’avancer des nouvelles idées. (Juste pour être clair: j’abhorre les libertariens et je comprends que plusieurs de leurs « nouvelles idées » sont réactionnaires).

  10. @Martin Beaudin-Lecours

    « Et il n’est pas devenu souverainiste par intérêt capitaliste »

    Je n’ai jamais dit ça dans mon billet…

    « Que ce soit le résultat d’un choix de société, bon ou mauvais, le Québec n’est pas très compétitif si on compare, disons, à la Chine. »

    Bien là, tu veux quoi? Qu’on travaille à 75 cents de l’heure, 70 heures par semaines? La Chine est loin d’être un modèle de qualité de vie avec ses conditions de travail déplorables et la pollution extrême…

    « Il avait raison de s’inquiéter de la dette et nous avons encore plus raison maintenant de nous en inquiéter! »

    Oui, il doit camoufler la responsabilité de ses copains capitalistes qui ont augmenter la dette au cours des décennies.

    On apprenait, en juin dernier, que 22 entreprises minières ont échappé à l’impôt entre 2002 et 2008 en s’appuyant sur tel ou tel avantage fiscal douteux.

    Les compagnies forestières, elles aussi, ne sont pas à plaindre. Après avoir rasé les aires forestières durant des décennies avec le consentement implicite des gouvernements tout en ne retournant que des miettes à la collectivité, elles ont reçu, en 2007, 351 millions de dollars en remboursement de travaux sylvicoles après avoir déboursé 228 M$ en redevances et 5 M$ en impôt sur les profits! Faites le calcul vous-même! À cela, il faut ajouter les centaines des millions de dollars d’aide à l’industrie forestière octroyés par le provincial!

    Parlons de l’eau qui sera la ressource la plus convoitée dans l’avenir. Durant longtemps, Pepsi, Coca-Cola, Danone, Nestlé et Naya s’en sont donnés à cœur joie en pompant notre ressource hydrique sans contrôle ni perception monétaire de l’État. Devant le tollé général, la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), Line Beauchamp, a annoncé qu’à partir de 2009 les grands exploitants d’eau seront soumis à une taxe pouvant rapporter un misérable 5,5 millions aux deniers publics!

    De plus, la dette publique du Québec, qui fut de 2,2 milliards en 1971, augmenta jusqu’à 128,7 milliards en 2009 en complète synchronicité avec les élévations des bénéfices ainsi que des allégements d’impôt des entreprises privées canadiennes. De 1964 à 2004, les profits des compagnies furent multipliés par un facteur de 4,7 tandis que leurs contributions fiscales diminuèrent de 4,2% à 2,4% du PIB de 1984 à 2004 (soit 43% de moins)! En 1999, 52% des entreprises québécoises n’ont pas payé d’impôt alors qu’elles avaient enregistré plus de 9 milliards de bénéfices! De plus, en 2002, Québec a octroyé 4,2 milliards d’aide financière aux gens d’affaires tandis que leurs compagnies n’avaient contribué que 3 milliards aux deniers publics! Un manque à gagner de 1,2 milliard (source)! Et les mercantiles ne cessent de se plaindre qu’ils sont trop taxés au Québec!

    Quel est le résultat de cette dynamique de transfert du fardeau fiscal des entreprises vers les petits citoyens? En 2008, 80% des revenus de l’État provenaient des particuliers!

  11. Hugo

    Pour ton info Martin la productivité a un rapport avec le nombre d’heures et les cadences de travail. On les augmente de plus en plus en même temps qu’on réduit le personnel.

    Le PQ sous Parizeau avait beaucoup de membres et il mobilisait en masse. L’arrivée de Bouchard a fait fuire plein de monde et les gens croyaient de moins en moins à la souveraineté. Je l’ai vu de mes yeux. Sous Bouchard le PQ a fondu comme neige au soleil et Landry a été incapable de renverser le cours.

  12. Hugo

    Je vois pas en quoi le fait de remettre en question des dogmes néolibéraux fait de moi un « soixante-huitard ». De toute façon le socialisme est bien antérieur aux évènements de Mai 68 et si on suit ta logique la pensée de Bouchard et cie est « dix-neuvièmarde »!

  13. Darwin

    @ Martin

    «a productivité de la nation québécoise était moins élevée qu’ailleurs »

    C’est justement là-dessus que le discours de Bouchard était confus : ce qu’il reprochait au Québec, c’est de ne pas être assez riche (PIB/tête trop bas, selon lui). Pour augmenter le PIB/tête, il y a trois moyens :
    – faire augmenter le taux d’emploi (ce qu’on fait depuis plus de 30 ans, surtout du côté du travail des femmes, et encore plus depuis l’implantation des garderies à tarifs réduits); travailler plus vieux va aussi dans ce sens;
    – travailler plus d’heures par personne;
    – augmenter la productivité.

    Si c’est vraiment la productivité qu’il avait visé, il n’aurait pas parlé de travailler plus, car avec une productivité plus élevé, on peut travailler moins pur le même résultat ! On peut voir à http://www.journaldunet.com/management/repere/productivite.shtm que la France était en 2005 plus productive par heure travaillée que… les États-Unis ! Mais ils travaillent moins d’heures et d’années. Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles ils étaient les plus productifs !

    «le Québec n’est pas très compétitif si on compare, disons, à la Chin »

    Ils sont compétitifs car ils ont une productivité faible (donc des salaires peu élevés) ! Le travailleur québécois du vêtement produisait une valeur d’environ 50 $ de l’heure. Celui de la Chine environ 10 $. Mais son produit coûte moins cher, donc il est plus compétitif. C’est une erreur courante de confondre la compétitivité et la productivité. Claude Picher est un as à ce sujet !

    «Je ne peux pas croire que des souverainistes chient à ce point sur le seul mec qui a failli leur donner la victoire »

    Pour moi, l’indépendance est un moyen pas une fin. Si c’est pour avoir un pays avec des Bouchard, Bock-Côté, Raymond Villeneuve ou des libertariens au pouvoir, je préfère encore la situation actuelle !

  14. Martin Beaudin-Lecours

    @Hugo

    Je sais que la cadence et le nombre d’heures de travail font partie du calcul. Mais pas uniquement, c’est ce qu’on oublie.

    Et ne trouves-tu pas que perdre un référendum c’est déjà une excellente cause de démobilisation pour les souverainistes? Je répète, sans avoir été un péquiste de l’intérieur: le PQ était dans le trouble bien avant sinon Bouchard n’aurait pas été accueilli en sauveur, ni Boisclair plus tard. En résumé: c’est le parti d’une génération. En tout cas, je ne crois avoir été le seul à l’époque qui malgré avoir été élevé dans une famille souverainiste, a été tenté d’aller voir ailleurs, trouvant ce parti ankylosé, bloqué par les dogmes de ses babyboomers.

    @Darwin

    À mon avis, ce sont les manchettes alarmistes des populistes qui semaient la confusion, un autre travail bâclé des journalistes prompt à faire réagir le peuple en victime. Bouchard s’inquiétait et s’inquiète encore pour l’avenir de son pays. Il appelait et appelle toujours à « nous réveiller ». Tout le contraire de la victimisation.

    Oui, on peut travailler moins et être plus productif. C’est ce que les journalistes n’ont pas demandé ou précisé de leur propre chef dans leur enflure médiatique. Et tout le monde de se dire, en se scrutant à fond le nombril « ben moi je travaille fort alors va chier Bouchard ».

    « C’est une erreur courante de confondre la compétitivité et la productivité »

    Peut-être, mais si j’ai choisi de parler de compétitivité, c’est pour ne pas la faire. Mais, -je vais faire comme toi- une meilleur productivité peut augmenter la compétitivité.

    Pour moi, l’indépendance est un moyen pas une fin. Si c’est pour avoir un pays avec des Bouchard, Bock-Côté, Raymond Villeneuve ou des libertariens au pouvoir, je préfère encore la situation actuelle !

    Et voilà! Tout est dit! Et c’est pourquoi le PQ est sur le respiratoire artificiel et le Québec avec.

    Bouchard, un conservateur moral et non fiscal, est avant tout un homme de droit, quand même très loin des libertariens! Quant aux libertariens, non, même s’ils font beaucoup de bruit en partie parce que la gauche ne sait se renouveler, je ne crois pas qu’elle puisse prendre le pouvoir. Les Québécois sont pas si caves que ça! Quoique des fois…

    Anyway. Je vois que vous continuez à vous faire des accroires en cercle fermé. Bonne chance camarades! 😉

  15. Hugo

    Je pense que c’est plutôt toi qui se raconte des mythes! Bouchard n’a rien fait pour mobiliser les indépendantistes et l’ensemble de la population québécoise contre les attaques du gouvernement fédéral et pour dénoncer les fraudes massives du camp fédéralistes qui nous ont volé le résultat du référendum. Au début des années 90 le PQ allait très bien et avait le vent dans les voiles. Bouchard a tout gâché avec son déficit zéro et ses atermoiements.

  16. Martin Beaudin-Lecours

    Hugo, tu sembles oublier un léger détail dans ta savante analyse: entretemps, nous avons perdu un référendum!

    Au début des années 90, le nationalisme québécois, donc le PQ, avait le vent dans les voiles à cause de l’échec de Meech. Faut quand même pas l’oublier! Et en 1991, le Bloc a été créé par Bouchard. Ça non plus, ce n’est pas anodin. Écrire tel quel que Bouchard « n’a rien fait pour mobiliser les indépendantistes et l’ensemble de la population québécoise contre les attaques du gouvernement fédéral », c’est être complètement de mauvaise foi ou déconnecté la réalité historique. En fait, je pense que tu voulais parler d’après le référendum. C’est certain que Bouchard n’a pas pu contenir la démobilisation nationaliste toute naturelle qui a suivi cet échec référendaire, mais qui l’aurait pu, hein? On ne tient pas un référendum aux deux ans non plus! D’ailleurs on parle de quelle démobilisation? Sans Bouchard à sa tête, le PQ aurait-il été réélu en 1998? J’en doute fort.

    Je le répète: les problèmes du PQ ont commencé bien avant Bouchard. La manière dont Boisclair a été traité, autant dans sa montée que sa chute, est assez éloquente à ce propos. Juste le fait que le PQ ne bénéficie pas actuellement de plus d’intentions de vote, et ce malgré l’affaissement de l’ADQ et le grand-guignolesque bilan du gouvernement Charest, devrait inquiéter ses militants. Juste l’idée d’un gouvernement Bouchard, sans même de programme, est plus populaire que le PQ de Marois courtisant activement les anciens adéquistes! C’est pour dire!

    Cliquer pour accéder à 2010.02.20_Bouchard_FRA.pdf

    Finalement, y a-t-il quelqu’un qui se souvient sous quel prétexte Bouchard a claqué la porte? Deux mots clés comme indice : « Michaud » et « Juïfs ».

  17. Hugo

    Pardon monsieur, mais vous oubliez que Bouchard a tout fait pour imposer le partenariat avec le Canada dans la question référendaire et en a fait un prérequis pour l’indépendance. Ceci a beaucoup contribué à démobiliser les militants les plus sincères et après le référendum le PQ s’est vidé de bon nombre de ses membres les plus actifs. Et en 1998 le PQ a eu moins de vote que le PLQ pour ton info, il a simplement eu plus de sièges un point c’est tout. C’est drôle mais parce qu’on n’est pas d’accord avec toi on se fait traiter de « déconnecté de la réalité », « mauvaise foi » et autres épithètes facile du même acabit. Serait-ce parce que tu détiendrais la vérité absolue? Après le référendum de 1995 le gouvernement fédéral a lancé une série d’attaques contre le Québec, comme le renvoi en Cour Suprême, la loi sur la Clarté référendaire, les menaces de partition, etc et le gouvernement Bouchard n’a rien fait contre ça. Aucune mobilisation, aucune riposte! C’est un fait! Tout ce qui comptait pour Bouchard était ses « conditions gagnantes » et son déficit zéro et le mouvement souverainiste a continué d’aller à la dérive jusqu’en 2004 lors du scandale des commandites.

  18. Hugo

    Pour ton info sous Parizeau le PQ avait le vent dans les voiles. Il a récupéré bon nombre de militants qui étaient parti dans les années pour le Parti Indépendantiste de l’époque ou pour le Mouvement Socialiste qui ont disparu d’ailleurs après l’arrivée de Parizeau. D’autres militants qui étaient resté sans-parti sont revenus au bercail après 1988. Le PQ était redevenu un parti de masse alors que depuis Bouchard il rétrécit continuellement. L’affaire Boisclair est arrivée après le départ de Bouchard et l’élection désastreuse de 2007. Elle reflétait la déception et le désenchantement des militants péquistes.

  19. Hugo

    Le Bloc Québécois à ses débuts n’était pas ouvertement souverainiste, il cherchait surtout à rassembler les déçus de l’échec du Lac Meech. C’est pourquoi des Libéraux comme Jean Lapierre pour le quitter dès 1992. C’est par la force des choses que le BQ s’est déclaré souverainiste lors des élections fédérales de 1993. Bouchard n’a jamais été très clair sur cette question, il a surfé sur ça pour se faire du capital politique quand il sentait que la vague indépendantiste était forte mais dès qu’elle a descendue un peu après le référendum, tout en demeurant assez élevée, il a « passé à autres choses ».

  20. «Quand Bouchard a fait sa sortie, j’étais travailleur autonome et faisais 60 heures par semaine, mais je ne l’ai pas pris personnel. L’augmentation de la productivité, ce n’est pas juste de « faire plus d’heures » ou de « couper le BS » non plus. Ça veut aussi dire être bien formé pour les besoins d’aujourd’hui.»

    Mais quand on augmente les frais de scolarité dramatiquement, et qu’on les augmente tout court, on limite le bassin de gens pouvant bien se former. C’est un fait. Il y aurait, par exemple, les machines, ou l’amélioration logistique…, peut-être, mais Bouchard nous visait précisément, nous, les travailleurs. Il nous avait vraiment comparé aux états-uniens, aux chinois et aux mexicains si je ne m’abuse.

    «Oui, ça fait soixante-huitard qui rêve encore au socialisme et à l’Internationale.»

    Et c’est possible. Encore… D’ailleurs, le capitalisme qui vient de planter, encore, comme aux 30-40 ans, lui, n’est pas dépeint comme une ratée de votre part, étrange…

    «Je ne peux pas croire que des souverainistes chient à ce point sur le seul mec qui a failli leur donner la victoire! »

    Les peuples se donnent des victoires, personne d’autre ne peut le faire à leur place.

    Quant à la Chine, que vous prenez comme modèle, je suis loin de les envier, les chinois, ce peuple dont on ne parle point finalement, trop occupés à parler de leur productivité.

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