Brève autopsie de la crise financière

Comment expliquer la crise financière qui secoue le monde? Soyons bref. 

À la base même du système économique capitaliste réside le crédit.  Le crédit est l’échafaudage qui maintient debout tout l’ensemble.  Pourquoi?  Parce que la totalité de la valeur des biens et services manufacturés (automobiles, maisons, électronique, etc.) par les entreprises excède les revenus totaux concédés aux salariés/consommateurs par leurs employeurs.  Sans le crédit, il ne serait pas possible d’augmenter constamment les courbes de bénéfices des compagnies et d’écouler tout ce qui est fabriqué.

Malheureusement, il vient un temps, à toutes les 3 ou 4 générations, où l’endettement atteint des proportions tellement démesurées que la machine économique s’embourbe et débouche sur un état de crise économique profonde. La consommation décroit car la demande est atrophiée par le poids de l’endettement généralisé et les entreprises commencent dès lors à réduire leur main-d’œuvre en parallèle avec leurs activités de production.

C’est alors que les banques commerciales qui trônent au-dessus de tout le système économique commencent à enregistrer des pertes.  Ayant depuis des années soutenues la croissance par le crédit, elles sont assaillies subitement par les faillites successives et doivent rayer de leurs livres comptables de nombreuses mauvaises créances.  Et comme si cela n’était pas suffisant, les épargnants retirent leurs dépôts des banques par manque de confiance, ce qui diminue les réserves obligatoires et accule donc ces institutions financières pratiquement à la faillite.

En conséquence, sans financement bancaire, les entreprises siégeant dans l’économie réelle sont alors confrontées à un rétrécissement de leurs possibilités d’emprunt, ce qui détériore encore plus leurs situations financières et leurs projets de développement.

Comme nous l’avons vu dernièrement, les banques centrales et les autorités gouvernementales se doivent de soutenir elles-mêmes l’accès au crédit par des généreux prêts ou subventions afin d’empêcher l’écroulement de tout le système même si cela ajoute un fardeau fiscal supplémentaire sur le dos des contribuables.

La crise du subprime a été le déclencheur de la débâcle actuelle et elle rentre aussi dans la même logique.  Les acheteurs n’avaient pas les moyens de se payer ces maisons offertes sur le marché en partie en raison du fossé entre production et consommation évoqué ci-haut mais surtout en rapport à la spéculation qui a gonflé artificiellement les prix de vente des résidences. 

En tout, au pays de l’Oncle Sam, 10 540 milliards de dollars en prêts hypothécaires ont été souscrits par les familles américaines.  Par ailleurs, il faut aussi inclure les dettes par cartes de crédit qui s’élèvent à  1 000 milliards, en augmentation de 25% depuis 2003.

Il s’agit d’une analyse plutôt schématisée, j’en conviens, mais elle permet de cerner un peu plus cette crise financière.

Voir: La pire crise depuis 1929

 

7 réflexions sur “Brève autopsie de la crise financière

  1. Économiquement, une compagnie a des coûts fixes et des coûts variables. Les fixes, c’est ce pour quoi on paie une fois un gros montant (machinerie). Un coût variable, c’est un coût que l’on doit toujours payer (matériaux et main d’oeuvre). En période de difficultés économiques, il est difficile de couper un coût fixe; il est déjà payé. Habituellement, on va couper dans les coûts variables; produire moins, acheter moins, avoir moins d’employés.

    Le problème est, en ce moment, le manque de confiance (normal! Moi-même je n’aurais pas confiance en n’importe quelle banque, mais je suis avec Desjardins alors ça va) et le manque d’accès au crédit. Les gens ont abusé du crédit, ce qui crée de la méfiance et fait que les projets n’avancent plus au même rythme qu’auparavant (s’ils avancent toujours).

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  3. Personnellement, je crois que le problème principal est relié à la malhonnêteté de quelques-uns et à la folie collective de s’enrichir continuellement. Si les êtres humains plaçaient l’économie au sein d’une solidarité internationale, nous n’en serions pas là…

  4. @Manx

    Oui, tu as raison. Le crédit est l’oxygène du capitalisme et on a permit une extension de celui-ci afin de soutenir la croissance. Mais il ne s’agissait que d’un remède temporaire qui ne faisait que camoufler les contradictions inhérentes du capitalisme.

    @Lutopium

    La malhonnêteté se développe en conséquence de la chute des rendements et des profits qui sont inévitables dans le capitalisme. Le phénomène est cyclique et l’on prolonge le party de toutes les façons possibles.

    @La belette

    Merci!

  5. sylvainguillemette

    Et le « Party », c’est entre autre l’exploitation sans raison apparente, du labeur des prolétaires par les minoritaires bourgeois parasitaires. Et pour continuer le « party », on est prêt à consolider les bourgeois, passant là encore, par les poches des contribuables, dont celles des prolétaires exploités par ceux qui seront sauvés.

    C’est n’importe quoi. En fait, dès qu’une seule pièce de monnaie fut attribuée aux capitalistes bourgeois, elle le fut par le prolétariat non-consentent. Personne ne m’a demandé. mon avis d’ailleurs.

    Je désire, malgré les travailleurs touchés par le CAPITALISME, qu’aucune aide ne soit offerte aux compagnies, jusqu’à ce que le capitalisme sombre et laisse place à une alternative socialiste. Je refuse que l’on pige dans mes poches le «sauvetage» des bourgeois qui m’exploitent. Ces paresseux ont tout simplement mal gérées leurs entreprises, ce dont ils étaient soit-disant payés pour faire, tout en nous exploitant.

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