La machine

Cet article a été publié dans Le Soleil, le 11 février 2023

Faisant écho à l’âge de recul de la retraite en France, le gouvernement du Québec envisage le report de l’âge de l’obtention des rentes du Québec au-delà de 60 ans. 

Pourtant, de récentes évaluations actuarielles confirment la viabilité du régime pour les prochaines cinquante années. Comment alors expliquer cet empressement de report de l’âge de l’admissibilité à la RRQ? On évoque évidemment le manque de main-d’œuvre et l’allongement de l’espérance de vie, surtout du côté patronal qui désire perpétuer ses activités commerciales sans contrainte.

Du point de vue du travailleur salarié, il s’agit toutefois d’un repli. Nous avons souvent entendu parler de l’avènement de la société des loisirs, de la réduction du travail et d’une augmentation de la qualité de vie dans le futur. Mais ce qu’on nous propose ici correspond bien à une régression. 

Le progrès associé à l’industrialisation et à la modernité qui consiste, en théorie, à améliorer les conditions de vie des hommes et à les libérer de plus en plus du labeur n’était-il pas au final qu’une illusion? Les impératifs économiques du capitalisme passent-ils toujours devant le bien-être des individus?

De plus, il demeure incompréhensible, avec les dernières avancées technologiques comme la robotisation qui promettait d’être miraculeuse et tout récemment le développement surprenant de l’intelligence artificielle, que l’idée d’un recul de l’âge de recevabilité des prestations de retraite soit la meilleure solution aux problèmes liés à la production et au monde du travail — concrétisant ainsi un échec sociétal flagrant.

Au 19e siècle, les ouvriers des usines faisaient tourner les machines des industriels sans relâche avec de longues et pénibles journées de travail. Il a fallu de nombreuses grèves, parfois sanglantes, instiguées par les syndicats de l’époque pour faire stopper les machines afin de faire comprendre aux capitaines de l’industrie les revendications des ouvriers et alors diminuer leurs nombres d’heures de travail au détriment de la soif de profits.

Peut-être sera-t-il indispensable pour nous de faire grève prochainement, comme de nombreux salariés français ces temps-ci, pour aussi faire arrêter cette machine du capital qui ne cesse de tourner, afin de lui faire comprendre également nos récriminations et notre droit de jouir pleinement de la vie… et de notre retraite.

Photo de Jeriden Villegas sur Unsplash

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Démocratie et économie de marché

Cet article a été publié dans Le Soleil de Québec, le 27 janvier 2023

Nous apprenions, sans grande surprise, que l’écart entre les revenus des salariés et ceux des PDG des grandes entreprises canadiennes (et partout dans le monde) s’était encore accentué. Le phénomène, au lieu de se résorber, tend à s’amplifier en corrélation avec la disparition lente et certaine de la classe moyenne depuis plus d’une trentaine d’années en Occident.

Comment alors définir notre civilisation en regard de ce creusement inédit des inégalités? Certes, nous nous berçons dans l’illusion de vivre dans une démocratie politique représentative idéale, mais dans la réalité, la démocratie réelle, c’est-à-dire économique, est aussi mise à mal et sa détérioration arrive même à compromettre la démocratie politique par l’ascendance délétère de riches personnages et de puissances d’argent sur les élus et les institutions politiques.

Paradoxalement, les principes démocratiques et de liberté hérités du siècle des Lumières, qui ont pourtant permis l’essor de l’économie de marché dans un cadre libéral, sont désormais menacés par la concentration excessive des richesses et l’influence de super-riches (qui sont l’ultime aboutissement du capitalisme) situés bien au-dessus des lois et des réglementations étatiques (notamment dans le paiement de leurs impôts), comme si la civilisation occidentale avait fait un retour en arrière vers l’ancien régime féodal qui était dominé par quelques familles possédant l’essentiel des richesses et du pouvoir politique face à une masse servile et appauvrie.

Ces nouveaux maîtres du monde, comme les anciens nobles et aristocrates du Moyen Âge, dans un contexte social de désinformation, de remise en question de la science, de recul des droits fondamentaux et d’atomisation de la société, hésitent à suggérer des changements positifs de paradigmes, qui seraient pourtant bénéfiques à la collectivité, de peur de perdre leurs avantages et tout ce qui a permis leur enrichissement, comme la consommation de masse polluant à l’extrême l’environnement et la commercialisation à grande échelle des énergies fossiles réchauffant dangereusement le climat.

Il y a plus de quatre siècles advenait une Renaissance qui a permis de sortir d’une époque de ténèbres. Espérons, bientôt, qu’une nouvelle renaissance émerge de ce nouveau Moyen Âge pour guider le genre humain vers une période historique plus humaniste et respectueuse de l’environnement… pour la suite du monde.

Photo de Karolina Grabowska: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/suivre-caoutchouc-riche-empiler-4386476/

Les occasions manquées

Cet article a été publié dans Le Soleil de Québec, le 17 janvier 2023

La Banque mondiale, en ce début de 2023, dresse un portrait plutôt sombre des années à venir pour l’économie mondiale. La guerre en Ukraine, l’inflation galopante, la montée des taux d’intérêt, les événements météorologiques extrêmes liés au réchauffement climatique et les tensions géopolitiques sont dans le tableau et entraîneront, selon les experts de l’institution, un faible taux de croissance un peu partout sur la planète et même une croissance nulle en Europe.

On parle aussi d’une deuxième récession en une seule décennie, ce qui serait du jamais vu depuis la Deuxième Guerre mondiale, ainsi que des taux de croissance anémiques qui ne s’étaient pas produits depuis les années 1960.

Et si les forts taux de croissance que nous avons connus avec les Trente Glorieuses et le début des années 2000 tiraient à leur fin? Plusieurs personnes l’ont évoqué: la croissance infinie dans un monde fini est impossible selon les conclusions du Rapport Meadows de 1972.

Serait-ce alors notre chance d’opérer le changement dont le monde a tant besoin avant que la réalité nous rattrape? Les échecs du néolibéralisme et du laisser-faire économique deviennent de plus en plus patents. Le non-respect de l’environnement et du climat, l’exploitation abusive des richesses naturelles planétaires ainsi que les grands écarts de richesse (même décriés par l’OCDE) nous dirigent inéluctablement vers un cul-de-sac.

Nous avons eu, plus d’une fois, notre chance de procéder à un changement de modèle socio-économique. La crise financière mondiale de 2007-2008, qui a fait vaciller le capitalisme, et la pandémie de la COVID-19, qui nous a démontré qu’un style de vie moins déjanté était possible, ont été autant d’opportunités de changer de cap. 

Aujourd’hui, un fort ralentissement économique se pointe à l’horizon. Serons-nous capables d’en profiter pour le mieux? Combien d’occasions manquées raterons-nous encore?

L’autre révolution culturelle

Cet article a été publié dans Le Soleil de Québec, le 2 décembre 2022

Le peuple chinois. Depuis des temps immémoriaux il est soumis aux exactions des absolutistes ayant gouverné l’Empire du Milieu. Sauf que récemment, la colère gronde et des manifestations inédites depuis les évènements de Tiananmen (eux aussi au nom de la liberté et de la démocratie) parsèment les régions touchées par les nouvelles restrictions sanitaires contre la COVID19 du gouvernement central.

Et il ne faut pas s’en étonner. Depuis 40 ans, les Chinois ont goûté au mode de vie occidental, du moins à son volet consumériste, et son pendant politique ne saurait attendre. En effet, ce qu’on appelle le libéralisme économique (ou le capitalisme) peut difficilement s’exclure indéfiniment du libéralisme politique. Il en est même un corollaire. La liberté économique, celle d’entreprendre, de fonder son entreprise dans un marché concurrentiel non assujetti aux diktats d’un État omniprésent ou d’une élite cherchant à préserver son pouvoir, est intimement liée aux libertés civiles et politiques comme la liberté d’expression, de déplacement ou le droit de vote. Un environnement économique favorable demande un climat politique et social favorables. Par ailleurs, les pays les plus développés au plan économique sont pratiquement tous des démocraties libérales de longue date. 

Nous devons nous attendre possiblement à une prise de conscience de la nouvelle classe moyenne chinoise récemment éduquée qui, jusqu’à ce jour, a profité de la croissance inégalée de l’économie chinoise depuis des décennies en échange de ses libertés politiques, mais elle risque bien d’être moins docile advenant un fort ralentissement économique mondial (qui semble se profiler) qui plomberait son niveau de vie qu’elle a acquis avec peines et labeurs. 

Pendant les dix années avant sa mort, Mao Zedong initia sa Révolution culturelle qui s’avérera être un échec. Peut-être la Chine connaîtra-t-elle, sous peu, une nouvelle révolution culturelle, mais accomplie cette fois… 

Photo de Sabel Blanco: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/touristes-au-temple-interdit-1486577/

Pas de liberté sans égalité

Cet article a été publié dans Le Soleil de Québec, le 29 octobre 2022

Ces jours-ci, nous entendons souvent dire, surtout dans les cercles politiques plus conservateurs, que la liberté est la pierre angulaire de la démocratie en conformité avec la tradition politique romaine et américaine tout en oubliant l’aspect le plus fondamental de la démocratie, c’est-à-dire l’égalité.

Sans l’égalité, pas seulement sur le papier, mais aussi et surtout sur le terrain, la liberté ne sert que les intérêts des riches et des puissants. Le démuni peut bien être libre, mais il n’a pas les moyens d’exercer pleinement sa liberté.

En vérité, l’égalité entre tous constitue le socle sur lequel s’appuie la liberté de tous…

Et si le capitalisme était une religion?  

Une idéologie et une croyance religieuse ont beaucoup de choses en commun.  Toutes les deux cherchent à définir la réalité en imposant des règles qui supportent leurs visions du monde. Une question me vint alors à l’esprit : et si le capitalisme était une religion? Voyons-y de plus près.

Le capitalisme, comme tout culte, a eu un prophète qui est à l’origine de la rédaction du livre sacré qui deviendra la bible du mouvement de croyance ( Adam Smith et La richesse des nations). De plus, le capitalisme a créé aussi un véritable clergé de la théorie du marché qui n’hésite pas à user d’un prosélytisme dans toutes les sphères de la société (groupes de réflexion, groupes de pression, etc.). 

Et comme les religions monothéistes, il n’a qu’un seul Dieu. L’argent.

De façon semblable au christianisme, le capitalisme a étendu son emprise sur d’autres contrées et continents afin de propager la bonne parole et d’accaparer ainsi autant les esprits des indigènes que leurs richesses naturelles, allant même parfois à faire la guerre.

Le capitalisme cherche également à remplacer les anciennes religions et même à les intégrer en partie dans son système de croyances comme le fit la religion chrétienne.  Pensons seulement à la thèse présentée par Max Weber dans L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme. 

Dans le dogme capitaliste, comme dans la plupart des confessions, il y a des déclinaisons entre les pratiquants orthodoxes et hétérodoxes, autrement dit ceux qui croient sur parole et ceux qui se posent des questions. Nous pouvons relater ici le courant libéral classique et l’école keynésienne en économie qui proposent des façons de faire différentes dans l’application du capitalisme. 

Enfin, la doctrine capitaliste a connu aussi sa guerre sainte, plus précisément dans son cas contre l’Empire du mal (dixit Ronald Reagan) que constituait l’URSS et tout l’ancien bloc communiste. Une guerre sainte dont le capitalisme est sorti vainqueur et qui prouva indubitablement la justesse de sa cause et l’appui inébranlable du Divin en son credo.

La Russie des extrêmes

Cet article a été publié dans Le Devoir, le 13 août 2022 et dans Le Soleil de Québec, le 19 août 2022

L’histoire contemporaine de la Russie fut mouvementée et les événements récents en Ukraine tendent encore à le démontrer. En 1917, elle se sortit des griffes du régime monarchique des Tsars avec la prise du pouvoir des bolcheviks et 72 années plus tard, après la déroute de l’expérience communiste en ce pays, la Russie tenta de copier le modèle de la démocratie libérale qui s’avéra être aussi un échec dans un pays où les mœurs démocratiques ne se sont jamais vraiment développées.

Nous le savons, Poutine règne désormais en maître en son pays depuis plus de 20 ans. Les nombreux opposants politiques sont emprisonnés, voire pire. Les médias indépendants du régime ne sont qu’une vue de l’esprit, encore plus depuis la guerre en Ukraine. Poutine déclare même sans ambages que son pays s’aligne maintenant dans l’axe des pays autocratiques qui sont opposés à la démocratie occidentale (dans lequel figure aussi la Chine).

Dans la foulée, le pays du Grand Ours sombre de plus en plus vers l’ultraconservatisme aux accents nationalistes avec l’adoption de nouveaux amendements à la Constitution russe interdisant le mariage homosexuel et privilégiant l’enseignement patriotique à l’école, entre autres. Par ailleurs, il existe même un parc d’attractions familial consacré à la glorification de l’armée russe — ce qui aurait fait pâlir de jalousie les plus fervents partisans du national-socialisme de l’Allemagne du Troisième Reich.

De plus, la Russie, tout comme son adversaire naturel, les États-Unis, n’est pas à une contradiction près. Elle délaissa un régime communiste pour se vouer corps et âme au capitalisme en moins d’une génération, tout en reproduisant les pires travers de ce système économique : les inégalités en Russie sont parmi les plus criantes du G20, l’impôt sur le revenu est à taux unique (ce qui est une mesure régressive favorisant les plus riches) et le 1 % des mieux nantis, c’est-à-dire les oligarques, détient la moitié de la richesse nationale.

Cette invasion de l’Ukraine par la Russie nous révèle aussi d’autres contradictions. Le régime de Poutine, dont les tendances fascistes sont évidentes, reproduit les mêmes politiques expansionnistes d’un certain chef allemand autoritaire du XXe siècle que le peuple russe a pourtant combattu avec acharnement pendant la Deuxième Guerre mondiale. Qui plus est, le chef du Kremlin accuse fallacieusement le gouvernement ukrainien d’être d’obédience nazie pour mieux justifier une simple « opération militaire spéciale » et pour camoufler du même coup son propre autoritarisme d’extrême droite…

Comptabilité de nature

Photo de Jani Tisler provenant de Pexels

Un grand espoir résidait dans la lutte aux changements climatiques lorsque les cinq grandes banques du Canada ont annoncé, il y a quelques années, leur volonté de diminuer sensiblement leurs investissements dans les énergies fossiles afin d’atteindre une certaine carboneutralité dans leurs activités – ce qu’elles ont fait pendant un court lapse de temps.

Cependant, force est de constater que le naturel est rapidement revenu au galop. En effet, de récentes informations nous indiquent que le rythme de ces investissements bancaires dans les énergies fossiles au plan mondial a repris de plus belle en 2021, notamment dans le pétrole bitumineux de l’Ouest canadien dans le cas des banques canadiennes.

Il est tentant ici de mettre en parallèle l’agissement des grandes banques avec les principes de la comptabilité, avec ses bilans, ses actifs, ses passifs et son capital dont elles sont tributaires. De toute évidence, la terre est présentement « dans le rouge » et le sera davantage si l’on ne dévie pas de la course actuelle. Les richesses naturelles se raréfieront, la biomasse se rétractera et la crise climatique atteindra une ampleur inégalée qui fera peser sur l’économie mondiale un lourd tribut, comme l’a déjà mentionné le rapport Stern (2006), et cela sans compter le risque d’une accélération d’une 6e extinction de masse déjà en cours.

Pourtant, si les grands PDG de ces institutions financières appliquaient les mêmes raisonnements comptables aux écosystèmes et au climat, ils constateraient que la pertinence du capitalisme sous sa forme actuelle doit être plus que jamais remise en question. Ils instaureraient alors des mesures afin d’assurer la pérennité de leurs entreprises en changeant de paradigmes tout en modifiant les anciennes façons de faire.

Si, autrefois, le capitalisme tel que nous le connaissons créait de la richesse, dixit Adam Smith, désormais, il en détruit et pire encore, il risque de tout emporter avec lui…

En attendant le déluge…

Photo de Markus Spiske provenant de Pexels

Cet article a été publié dans Le Devoir le 16 novembre 2021 sous le titre « Bientôt le déluge »

L’année 2021 n’est même pas encore terminée que l’on conclut déjà qu’elle trônera probablement sur le podium des années les plus chaudes tandis qu’une cascade de catastrophes déferle sur le globe.

La montée des eaux océaniques ainsi que le recul des glaciers aux pôles continuent sans cesse et ne pourront être évités même si les émissions de gaz à effet de serre s’arrêtaient abruptement.  C’est ce que confirment plusieurs études soulignant que les glaciers réagissent avec des décennies et même des siècles de retard par rapport aux transformations du climat.

Un grain de sable s’est insinué dans les rouages de la mécanique climatique laissant craindre que le pire reste à venir face à l’accélération du rehaussement des températures, notamment par les émissions fugitives de méthane du pergélisol fondant ou des hydrates de carbone des mers qui feront perdre toute prise de l’homme sur l’accentuation du réchauffement planétaire et de ses conséquences sur le climat. Pourtant, le rapport Stern a bel et bien prévenu qu’il en coûterait 20 fois plus cher dans l’avenir pour protéger la planète contre les hausses de températures que si nous nous y attardions dès maintenant.

Et pendant ce temps, notre attentisme dans la prévention des périls écologiques futurs frise l’insouciance puérile malgré la tenue de maintes conférences sur le climat, comme celle de Glasgow récemment (COP26), qui ne débouchent toujours que sur de creuses promesses et des vœux pieux.

L’incrédulité ambiante et les intérêts contradictoires des nations développées contre ceux des pays émergents sont autant de freins à la résolution définitive de la problématique climatique. Sans compter la rivalité croissante entre les deux superpuissances planétaires, l’ancienne et la nouvelle, les États-Unis et la Chine, hypothéquant davantage les prochaines générations par le refus de ces dernières d’investir systématiquement dans la lutte aux changements climatiques considérée comme trop dispendieuse devant leur désir de domination économique et militaire.  Ces deux pays émettant à eux seuls près de la moitié des GES de causalité humaine.

Malgré les beaux laïus entendus lors des multiples conférences sur le climat, les dirigeants politiques se cantonnent dans l’immobilisme.  Les uns attendent que les autres bougent dans la crainte de perdre le moindre avantage économique dans ce féroce marché mondial globalisé dans lequel les nations les plus faibles mordent la poussière.

En ce monde dominé par l’implacable capital, peu importe les considérations environnementales ou la pérennité du genre humain.  L’important est de garnir son portefeuille d’actions immédiatement au détriment du prix qu’aura à payer la descendance.

Cela est bien symptomatique de notre époque consumériste: achetez maintenant, payez plus tard…

Un test de civilisation

Photo de Markus Spiske provenant de Pexels

Cet article a été publié dans Le Devoir le 14 juillet 2021, Le Soleil de Québec le 15 juillet 2021 et dans le Métro Montréal le 19 juillet 2021

Toute civilisation humaine connaît une période de croissance, un apogée et ensuite un déclin. Que cela soit dû à un épuisement des ressources, à une catastrophe naturelle, à une défaite militaire face à une civilisation plus puissante ou pour toute autre raison, aucune n’a pu y échapper.  Et la nôtre  connaîtra aussi probablement le même sort. 

La montée des températures ainsi que la fonte rapide des glaciers qui amèneront inexorablement une hausse du niveau des mers et des périodes caniculaires plus qu’inhabituelles nous indiquent sans ambages que notre modèle civilisationnel industriel triomphant – qui éclipsa tous ses concurrents et conquit tous les continents – s’approche du point de rupture. 

Par contre, il réside de l’espoir. De grandes organisations économiques internationales comme le FMI, la Banque mondiale ou l’Agence internationale de l’énergie préconisent désormais l’abandon des énergies fossiles à court ou moyen terme. Il s’agit d’un discours que nous n’avions pas l’habitude d’entendre de ces organisations auparavant, même si dans le concret cela n’incite pas les gouvernements à respecter leur plan de réduction de gaz à effet de serre – jusqu’à ce jour.

Le temps que nous laissons passer réduit les possibilités d’éviter la catastrophe climatique et cela demandera un plus grand effort dans le changement de cap du grand navire de l’économie mondiale qui ne modifie sa direction que très lentement. Passerons-nous ce test de civilisation en nous adaptant à la nouvelle situation ou échouerons-nous comme tant d’autres civilisations avant nous?