De la place de l’anglais en justice au Québec

Le jugement de la Cour suprême du Canada, dans la récente affaire de la place du français dans les dossiers judiciaires en Colombie-Britannique, porte à confusion et soulève un questionnement sur la place de l’anglais en justice au Québec.

Devant cet arrêté qui viole indéniablement la constitution de 1867 assurant «que la langue française ou la langue anglaise peut être utilisée dans toute plaidoirie devant des tribunaux du Canada ou du Québec et dans toute pièce de procédure émanant de ceux-ci » et la déclaration du juge Wagner stipulant précisément que seul le Nouveau-Brunswick a l’obligation de permettre des séances dans les deux langues, le Québec n’a alors aucune obligation d’octroyer à son tour des procédures en anglais dans ses cours de justice considérant que le français est sa langue officielle depuis 1974 (loi 22).

Le principe du bilinguisme ne s’appliquant pas dans cette province du Pacifique, il en est de même dans toutes les autres provinces, sauf celle ayant un statut bilingue – le Nouveau-Brunswick.

La Cour suprême, majoritairement anglophone, n’a pas daigné prendre en compte l’inconstitutionnalité de cette décision et a allégrement discriminé les minorités francophones dans l’ensemble du Canada.

Si le Québec avait un semblant de colonne vertébrale, il obligerait uniquement le français en justice… et ce serait son droit plein et entier.

Les visées réactionnaires des jeunes libéraux

Malgré une certaine modération dans les résolutions des jeunes libéraux lors de leur dernier congrès, notamment concernant le refus de l’exportation de l’eau et l’implantation d’une attitude gouvernementale plus écologique, les réflexes réactionnaires, antinationalistes et néolibéraux ont encore dominé.

La suggestion d’imposer le bilinguisme dès les premières années du primaire a été battue de justesse et traduit ainsi le sentiment peu nationaliste des participants de ce forum. Les jeunes libéraux se sont plutôt rabattus sur une idée d’immersion en anglais des élèves de 6e année pour la moitié du calendrier scolaire. On désire nettement angliciser encore plus les jeunes francophones pendant que ceux-ci ont de la difficulté à maitriser leur langue maternelle.

Que dire au sujet de la motion soutenant une hausse par un multiple de trois des frais de scolarité afin d’atteindre la moyenne nationale? Mais, en quoi de faibles tarifs universitaires sont-t-ils néfastes à une société? C’est une mesure de démocratisation de l’éducation qui élève le savoir dans la population en favorisant la mobilité entre les classes sociales. Un étudiant issu d’un milieu modeste peut ainsi espérer obtenir un travail bien rémunéré au lieu de demeurer enchainé à la condition sociale dans laquelle il est né. De plus, toute la société en profite car on bonifie les compétences des travailleurs qui deviennent alors plus aptes à l’emploi et paient éventuellement plus d’impôts.

C’est à croire que les jeunes libéraux ont des parents bien garnis financièrement pour proposer une telle chose. Ils ne considèrent pas du tout les étudiants dont les parents ont peine à joindre les deux bouts en raison de la hausse des prix à la consommation.

Aussi, le concept d’un impôt post-universitaire (IPU) est dénué de tout sens. Si l’on accepte que les prêts et bourses seront éventuellement remplacés par ce nouveau programme, cela reviendrait au même ou, au pire, l’on pourrait s’en servir pour éliminer l’attribution de bourses et faire débourser encore plus les étudiants aux revenus modestes.

Cependant, la proposition la plus à droite est sans aucun doute la volonté de mettre en échec le mouvement syndical. On cherche à diviser pour régner en montant les syndiqués contre leurs propres organisations. Les jeunes libéraux diabolisent au maximum les syndicats et les considèrent carrément comme des groupes criminels qui oppriment leurs membres. En plein la rhétorique de Pierre-Karl Péladeau qui a du se réjouir de ces déclarations.

C’est comme si on plaçait sur un pied d’estale les saints patrons qui eux ne font jamais d’erreurs et cherchent toujours le bien-être de leurs salariés.

Pourtant, les salaires sont en moyenne de 20% plus élevés pour les employés syndiqués en comparaison de ceux non-syndiqués. Par ailleurs, les syndicats ont une structure démocratique et protègent contre les abus patronaux ainsi que les licenciements injustifiés. Mais cela ne rentre pas en ligne de compte pour les jeunes loups libéraux.

Il s’agit en fait d’une vision purement unilatérale des jeunes libéraux qui confirme leur inexpérience du monde du travail et leur attachement à leurs statuts sociaux. Ils devraient pourtant appuyer les syndicats qui permettront pour certains d’entre eux d’obtenir dans l’avenir des salaires décents et de bons avantages sociaux.

Le plus inquiétant est qu’une partie de cette jeunesse libérale aux visées réactionnaires sera les décideurs de demain. Une éventualité qui laisse présager un sombre avenir pour ceux qui ne seront pas de cette richissime élite québécoise.