La santé n’est pas une marchandise

Cet article a paru le 21 août 2008 dans le journal “Le Devoir”

Des médecins se positionnent enfin contre la privatisation en santé.

En effet, à ce jour, une trentaine d’entre eux se sont regroupés dans une organisation appelée « Médecins québécois pour le régime public (MQRP) ». Avec la déclaration de Montréal qui y est rattachée, on a réitéré la faveur pour un régime de santé public empreint de justice sociale et d’équité.

Selon le président de ce regroupement, le Dr Simon Turcotte, la dérive vers le privé du système de santé à la suite du jugement Chaoulli et du rapport Castonguay est dangereuse pour l’universalité des soins. Il soutient qu’on laisse la situation se dégrader dans le public afin de favoriser l’émergence d’assurances privées pour des soins déjà couverts par le régime universel. De plus, selon diverses études, l’apparition dans d’autres pays de cliniques privées en concurrence avec les institutions publiques n’a pas amélioré les services au plus grand nombre, bien au contraire.

Enfin, il termine par cette affirmation pleine de bon sens : « Ce n’est pas parce qu’une minorité de médecins-entrepreneurs, qui occupent des postes importants et qui font la promotion de leur option dans les médias, que cela représente la majorité de l’opinion des médecins. Comme on le dit dans notre déclaration, ils sont majoritairement guidés par des valeurs d’équité, de justice et de compassion pour la majorité de leurs patients qui n’ont pas les moyens de se payer des soins privés ou une assurance privée»

Ces déclarations constituent une lueur d’espoir pour les partisans de la préservation d’un réseau public et confirment le parti pris flagrant du gouvernement Libéral de Jean Charest pour une intrusion progressive du privé malgré le fait que cette mouvance est plus onéreuse pour une société qu’un système public (Voir Le système de santé américain : onéreux et peu efficace).

La majorité des médecins au Québec sont des employés de l’État et on comprend ainsi la tardivité de leur implication dans ce dossier épineux. Cependant, certains ont bien saisi le dilemme éthique qu’une privatisation entraînerait. Les rétributions monétaires pour ces services sont en flagrante contradiction avec le serment d’Hippocrate, comme le soulignait Sébastien Robert dans le Soleil :

« Ce serment stipule qu’un médecin doit défendre la vie en aidant les malades dans leur guérison. Un système de santé privé veut donc dire pour eux la trahison de ce serment puisqu’un seul type de patient pourra être aidé : celui qui est capable de payer. »

Par ailleurs, en France, pays où le privé est présent seulement en complémentarité tout en étant strictement contrôlé sous la gouverne de l’État, on a poussé encore plus loin l’éthique médicale en réactualisant le fameux serment : « Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent et n’exigerai jamais un salaire au dessus de mon travail (…) Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité (…) Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. »

Voici des préceptes dont le Parti Libéral du Québec, les médecins aux tendances mercantiles (par exemple Philippe Couillard) et les grands penseurs de la droite comme ceux de l’Institut Économique de Montréal devraient s’inspirer.

Qu’on le répète encore une fois : LA SANTÉ N’EST PAS UNE MARCHANDISE.

Publicité

10 réflexions sur “La santé n’est pas une marchandise

  1. sylvainguillemette

    Excellent billet camarade! Je suis outré, mais non surpris par l’annonce faite par le traître Couillard. Je lui souhaite sincèrement, un cancer généralisé, tu connais ma ferveur.

    Sinon, je propose également de créer un fond pour renverser en cour le jugement Chaouli adopté malgré les faits scientifiques qui démentent les raisons pour lesquelles il a été adopté, soit pour abaisser le coût de la santé (L’étude de l’IRIS est claire et précise sur cette question, le privé coûte plus cher!) et pour améliorer l’accessibilité en santé (démenti également par l’étude de l’IRIS.).

    Ensembles, nous pouvons y arriver!

  2. Ping : Keegy United States - La santé n’est pas une marchandise

  3. Tout de même, je souhaite que l’on permette la concurence privée NON SUBVENTIONNÉE en santé, tout comme en éducation.

    Mais pas une privatisation des services publics de santé et encore moins ces foutus PPP à la con qui ne sont qu’une socialisation des risques pour une privatisation des profits.

    Tout de même un excellent billet Jimmy.

  4. @ Sylvain Guillemette.

    La violence attire la violence. Il ne faut pas espérer de malheurs ou de cancer à autrui.

    S’il est accusé de trahison public, il devrait être jugé en ce sens et se retrouver derrière les barreaux. Ce qui m’arrangerait grandement puisque j’y suis bénévole. Cela me permettrait enfin d’avoir mon entrevue sur les coopératives de santé!

  5. sylvainguillemette

    @ journalderue

    Je ne lui ai souhaité aucune violence, je lui souhaite une mort naturelle, souffrante certes, mais aucune violence.

    Si les pro-Harper et pro-Bush souhaitent eux, la mort « violente » des ennemis du capitalisme, n’ai-je pas le droit de leur souhaiter également une mort, naturelle celle-ci?

    Enfin, reste que Couillard a failli à sa tâche et a sorti une solution non-viable et désespérée afin de s’enrichir.

  6. sylvainguillemette

    @ Arnarcho-p

    « Tout de même, je souhaite que l’on permette la concurence privée NON SUBVENTIONNÉE en santé, tout comme en éducation. »

    Pourquoi? J’aimerais avoir l’argumentaire qui va avec la proposition insensée.

    Nous avons en plus une pénurie, alors comment allons-nous fournir aux deux instances? Ensuite, en quoi est-ce que l’ajout d’un parasite améliorera t-il le sort des malades rendus rentables auprès de la bourgeoisie minoritaire et parasitaire inutile et non-élue?

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s