Nous avons les politiciens que nous méritons

On entend souvent dire : la politique ne sert à rien. C’est une perte de temps. Cela ne change rien. Évidemment, ce désintéressement de la politique dans la population en général est palpable et surtout chez la jeunesse.

Mais quelles sont les raisons de ce détachement de la chose politique?

Il y a l’éloignement du pouvoir pour le simple citoyen qui n’a que peu d’influence sur les prises de décisions en haut lieu. Par exemple : un parti politique peut acquérir le pouvoir selon un programme précis et peut faire exactement le contraire une fois élu. Les contraintes budgétaires et surtout les forces économiques corrompent alors les organes législatif et exécutif et les détournent des véritables enjeux de la société.

Une autre explication serait le matérialisme rampant et l’individualisme outrancié qui teintent les démocraties libérales de l’Occident. On s’intéresse peu à la politique car le temps nous manque, entrelacés entre le travail abrutissant et la vie de famille trépidante. En fait, on laisse peu de possibilités au citoyen de réfléchir et de s’impliquer dans la sphère politique en le bombardant de publicités de toutes sortes qui lui fait croire que le bonheur immédiat se trouve dans la satisfaction matérielle individuelle.

Il faudrait, bien sûr, une réforme du processus démocratique. Une démarche qu’évoquent plusieurs penseurs politiques depuis des années, ici, au Québec, mais qui ne débouche jamais sur des actions concrètes. Le système parlementaire britannique avantage le parti au pouvoir et ce dernier ne pousse assurément pas pour une transformation des règles du jeu. Dans tous les pays occidentaux, les refontes des procédés électoraux sont souvent très lentes et on conserve souvent des structures dépassées qui datent de plusieurs centaines d’années.

La stagnation et le désenchantement envers la politique font l’affaire des élites économiques qui ne désirent pas qu’une pression populaire éclairée opère des changements socio-économiques qui pourraient diminuer leur puissance. Elles préfèrent le statu quo et l’ignorance de la populace. Ainsi, elles peuvent agir à leur guise tout en maintenant leur main mise sur le pouvoir politique.

En votant aveuglément pour des politiciens qui défendent les intérêts d’un petit groupe au lieu des préoccupations de la majorité des citoyens, nous acquiesçons indirectement à la domination des classes aisées dans nos vies dont les objectifs sont souvent diamétralement opposés aux nôtres.

Bref, nous avons simplement les politiciens que nous méritons.

15 réflexions sur “Nous avons les politiciens que nous méritons

  1. lutopium

    Ce que nous avons pu entendre et lire suite aux témoignages laissés par la commission Gomery a porté le dernier clou au cerceuil. Les gens s’en doutaient déjà mais maintenant ils en sont plus convaincus que jamais: la plupart des politiciens entrent en politique pour le fric, le pouvoir et l’influence. Les gens vont s’intéresser à la politique lors d’une campagne électorale mais en seront détachés dans le quotidien.

    Seules de nouvelles façon de faire de la politique pourront peut-être y changer quelque chose. En atendant, nous auront toujours droit au cynisme, et avec raison.

  2. Sociétés et Décadence

    Hélas oui ! Jimmy. Et force nous est d’admettre que nous méritons bien peu comme société…

  3. Renart L'éveillé

    Nous sommes déjà en train, par le web et la blogosphère, de bâtir une nouvelle façon de penser la démocratie, une démocratie plus participative. Il s’agit de pousser en ce sens.

  4. Anonymous

    Bonjour Jimmy

    Texte et commentaires sont à peu près justes mais c’est vite dit car c’est placer au même niveau tous ceux qui oeuvrent, qui militent « pour que demain soit….meilleur »
    Les politiciens sont toujours accusés de tous nos maux mais regardons notre société, les tricheurs…(travail au noir), les falsificateurs ( Normand Lacroix qui devrait être sous les verrous depuis longtemps),,,les (tasse toi mon oncle sur la route) etc…etc…Ne nous contentons pas d’aller voter.
    Hier soir il y avait à St-Jérôme une rencontre sur le développement durable organisé par le Regroupement environnemental jérômien. Il y avait une belle assistance mais nous aurions dû être 10 fois plus. Il s’agissait de la protection de notre environnement.
    Nous y avons appris l’importance des arbres dans nos vies urbaines et ce qu’il en reste à St-Jérôme après tous les développements en cours. Combien vont poser un geste pour que ça change……?

    Cordialement et merci

    S.F.

  5. Ping : radiCarl | Blogue » En résumé…

  6. D’un point de vue libertarien, le désintéressement à la politique est sûrement la meilleure chose qui puisse nous arriver.

    Ainsi les gens arrêteront peut-être de toujours chercher la solution à tous les problèmes dans les gouvernement qui historiquement parlant, on créé beaucoup plus de problème qu’ils en ont réglé.

    On ne règle pas un mal de tête en se coupant une jambe, entre deux maux, on choisit le moindre.

    Salutations cordiales,

    Tym Machine

  7. Jimmy St-Gelais

    @Tym Machine

    Bien oui, laissons les entreprises privées faire la loi.

    Établissons l’anarcho-capitalisme à la grandeur de la planète et voyons les résultats en matière de pauvreté, de protection de l’environnement, de gestion des ressources…

    Elles vont sûrement faire mieux que les méchants gouvernements qui ne pensent qu’à eux contrairement aux saintes compagnies qui recherchent le bonheur de la collectivité…

  8. Aussi en Italie, il y a la meme situation, en effect pire. Nous avons une classe politique de reformer, que pur la grande parte, surtout a droit, n’est pas trop fiable: elle regard decisement à son interet personel
    Je suis totalement d’accord avec toi!

  9. internationaliste

    Malgré tout le respect que je dois à l’auteur de ce blogue, qui est vraiment intéressant, je suis en désaccord avec lui pour ce billet. Je ne crois qu’on a les politiciens que l’on mérite. C’est plutôt que les gens ne croient pas en ce moment à une alternative au capitalisme, la chute du bloc soviétique ayant servie de prétexte à une véritable orgie de propagande anticommuniste sur le triomphe inéluctable du marché.

    Il n’existe pas non plus de direction révolutionnaire digne de ce nom avec un programment authentiquement anticapitaliste pour indiquer la voie à suivre pour en finir avec ce système de misère, de guerre et de famine.

  10. Jimmy St-Gelais

    @internationaliste

    Je comprends ton raisonnement.

    Mais les électeurs ont tout de même la responsabilité de leurs choix. Il y a des alternatives. Ils pourraient voter pour Québec Solidaire au provincial ou le NPD au fédéral.

    Il ne s’agit pas de voter « anticapitaliste », mais de voter pour un équilibre entre capital et social.

  11. internationaliste

    Au pouvoir le NPD a mis en oeuvre des politiques semblables à celles des autres partis. En Saskatchewan il a fermé près de la moitié des hôpitaux de la province et en Ontario il a instauré un soi-disant Contrat social qui a signifié des coupures dans la fonction publique.

    Sans compter que le NPD est un partisan du fédéralisme pur et dur et a toujours fait preuve de chauvinisme à l’endroit des Québécois, en appuyant notamment la loi sur la clarté référendaire.

  12. Jimmy St-Gelais

    @internationaliste

    Le Nouveau Parti Démocratique est de centre-gauche, bien sûr, mais c’est tout de même un parti pro-ouvrier car même aujourd’hui, les syndicats affiliés ont 25% des votes à son congrès. De plus, à ma connaissance, le NPD n’accepte pas de dons d’entreprises.

    Le NPD au pouvoir en Ontario a pratiqué le keynésianisme lors de la récession du début des années 90 mais cela fut insuffisant et la province a connu des énormes déficits. Par la suite, Bob Rae a changé de politique et a coupé partout dans le gouvernement. Le NPDO a été victime du contexte économique. Ses politiques auraient eu plus de succès en période de prospérité.

    Les intentions étaient bonnes, mais la logique comptable du capitalisme ramène toujours tout aux gains ou aux pertes et cela nuit à tout gouvernement de gauche.

  13. internationaliste

    Mon point était que le NPD a désillusionné beaucoup de gens en faisant des coupures budgétaires. Ce qui explique le fait que le nombre de ses électeurs a chuté au cours des années.

    Tu as raison de mentionner les origines ouvrières du NPD. C’est un parti qui diffèrent des autres partis à cause de ça, mais ses politiques une fois au pouvoir sont très semblables.

    Il ne faut pas oublier le nombre élevé d’abstentions. Au niveau fédéral c’est de l’ordre de 40% et au niveau provincial québécois c’est environ 30%, ce qui fait que les scores des partis de droite sont moins élevés qu’on le pense généralement.

  14. Jimmy St-Gelais

    @internationaliste

    Bien sûr, les partis de gauche qui s’approchent du pouvoir sont ciblés par les vautours capitalistes. Lorsqu’il est populaire, tout parti de gauche fléchit vers le centre afin d’acquérir plus de voix. Québec Solidaire pourrait, un jour, suivre le même cheminement, bien que je ne le souhaite pas. C’est pour ça que je prône l’exclusion du monde des affaires de la politique et un financement totalement public des partis politiques (voir https://pourquedemainsoit.wordpress.com/2007/07/29/une-loi-vide-de-sens/ )

    Mais ce que j’aime bien chez le NPD-fédéral, c’est qu’il refuse les contributions de compagnies.

    Le NPD n’est pas parfait, mais, au fédéral, c’est sûrement la meilleure option pour un électeur de gauche.

  15. internationaliste

    Il faudrait par contre que le NPD abandonne sa politique de flip-flop que ce soit sur la question du Québec ou de la guerre. Ce n’est guère sérieux ni consistant comme ligne politique.

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