Les États-Unis doivent s’adapter ou disparaître

S’adapter ou disparaître disait Charles Darwin.

Si cet adage peut s’appliquer à une espèce animale, peut-on l’appliquer à des sociétés humaines?

Le flux de l’Histoire n’est qu’un débit constant d’empires se succédant les uns les autres dont les vestiges jonchent la terre, témoins d’un passé révolu mais tellement riche en enseignement pour l’avenir.

Le dernier empire en liste, les États-Unis d’Amérique, se maintient difficilement sur le fil de l’hégémonie planétaire tandis que s’effritent les attributs de sa puissance.

Les États-Unis ont eu tout pour eux.  Un pays presque continental enclavé par deux océans et détenant des richesses immenses. Au contraire des autres empires de jadis, un envahissement par des forces militaires étrangères est peu probable en raison de sa quasi-insularité et du relatif éloignement de son territoire.

Alors, comment une nation si bénie par les dieux et la géographie peut-elle être sur le point de connaître la sempiternelle chute qui attend toutes les sociétés dominantes?

Contrairement aux empires séculaires,  ce n’est pas les invasions barbares qui menacent les États-Unis de déclin, mais uniquement leur incapacité à gérer leur propre destiné.

D’abord, il y a l’idéologie mercantile et individualiste qui mine et fragilise la structure de toute leur pyramide sociale.  Sur des bases aussi frêles, avec ses conséquences sociales inégalitaires, la pérennité d’un tel empire ne peut être assurée.

Ensuite, il y a la tentation hégémonique ayant poussé les États-Unis à se militariser et à s’endetter ainsi de manière outrancière.

Mais, surtout, c’est l’impéritie de ce peuple à résoudre lui-même les défis auxquels il fait face.

Le cas des récentes législations sur le système financier, la couverture universelle en santé ainsi que l’échec de la loi sur l’énergie et le climat en témoignent.

Bien que Barack Obama ait réussi à l’arraché à faire adopter deux de ces lois devant moult opposition, au final, on doit conclure que ses réformes ont échoué malgré sa bonne volonté.

La réforme bancaire fut une grosse mascarade.  L’organisme chargé de surveiller les banques ressemble plus à un eunuque qu’à un chien de garde. On a éliminé la proposition de pare-feu entre les banques de dépôt et les banques d’investissement.  Rappelons que c’est en grande partie l’enchevêtrement entre ces deux types d’institutions financières qui fut à l’origine de la crise du crédit de 2008.

Pourtant, il serait plus qu’impératif de baliser le secteur financier afin d’assainir une économie vacillante marquée par des débalancements structurels inhérents à la déréglementation excessive des 30 dernières années.

La révision de la santé, elle aussi, ne vaudra pas le papier sur lequel est rédigée la loi.  Les débats houleux et les nombreux compromis ont édulcoré le sens de la réforme qui ne consiste maintenant qu’à un vœu pieux dénué de tout fondement véritable.  Et, déjà, on conteste ce qui reste de pertinence en cette loi en doutant de sa validité devant les tribunaux.  En effet, l’État de Virginie est le premier à contester sa constitutionnalité sur la prémisse que le gouvernement fédéral impose illégitimement l’obligation aux citoyens d’acheter quelque chose.

Bref, ça commence mal, malgré qu’une protection universelle en santé soit bénéfique aux États-Unis qui paient déjà le plus au pro rata pour les services de santé.  Pourtant, une telle initiative est capitale pour couper les coûts de santé et améliorer la condition physique des américains qui pourraient alors être plus productif au grand bénéfice de l’économie américaine.

Et signe que les américains manquent la bateau en matière de santé, la Chine a récemment instauré sa propre couverture universelle.  Elle a compris qu’une puissance mondiale se doit de soigner sa population afin de construire son empire sur des bases solides.

Soulignons aussi que l’échec de l’adoption du projet de loi sur l’énergie et le climat au Sénat fait preuve d’un manque de volonté et de laxisme des américains envers l’évolution vers une société plus écologique et saine. Le développement durable n’est pas du tout dans le viseur des élus du Congrès qui se cantonnent encore dans une vision rétrograde de la croissance économique appuyée par de nombreux lobbys énergétiques ne désirant pas de véritable progrès dans la lutte aux gaz à effet de serre. Pourtant, la durabilité d’un empire s’assoit sur le renouvellement de ses richesses naturelles ainsi que sur la qualité de son environnement.

Encore une fois, l’Oncle Sam rate le train tandis que la Chine a opté pour des politiques environnementales plus sévères.

Finalement, les États-Unis, sont à la merci des mêmes maux ayant contribué à la chute de l’ancien Empire romain.  En effet, l’importation l’emporte sur l’exportation, le renouvellement de leurs ressources n’est pas pris en considération par le gouvernement (Rome a épuisé ses terres arables sans pratiquer la jachère), l’inégalité dans la répartition des revenus s’étend – et encore plus avec le maintien du congé d’impôt pour les hauts revenus malgré la promesse électorale d’Obama de l’abolir – et la tendance à créer de la monnaie pour éviter la débâcle économique en dépit de l’hyperinflation que cela engendre sont tous des indices démontrant l’inéluctabilité du déclin de la première puissance économique et militaire du monde contemporain.

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Les banques prêtent de l’argent qu’elles ne possèdent pas

C’est une vérité peu connue.

Les banques prêtent de l’argent qu’elles ne possèdent pas.

L’histoire du système bancaire contemporain remonte au XVIIe siècle et le résultat actuel se résume en la fondation de la monnaie scripturale menant au gonflement de la masse monétaire par l’opération des banques lors des octrois de prêts à leurs clients.

En fait, le tout se joue par une double écriture au bilan de l’entreprise bancaire.

Ainsi, lorsqu’une banque prête de l’argent à un particulier ou à une entreprise privée ou publique, elle inscrit le montant de ce prêt autant dans son actif que dans son passif, même si elle ne détient pas dans ses livres la globalité de cette somme.

La seule obligation de sa part est de maintenir en liquidité une fraction du prêt déterminée par la banque centrale du pays dans lequel elle opère.  C’est ce qu’on appelle la réserve obligatoire.

Ce taux de réserve obligatoire peut varier d’un pays à l’autre car les diverses banques centrales établissent les ratios de réserves obligatoires des banques commerciales selon des objectifs de politique économique propres à chaque nation.  De la sorte, en haussant le pourcentage de cette réserve, un État met un frein au crédit ou, dans le cas contraire, le favorise.

Mais le problème de tout ce beau stratagème de l’ordre bancaire se situe à un niveau éthique.

Même si les banques comptabilisent les crédits octroyés dans leurs passifs et actifs, ce qui revient à une balance nulle, il faut noter qu’elles chargent tout de même des intérêts sur des capitaux prêtés qu’elles ne disposent pas en totalité.

C’est en cela que les banques volent tous leurs clients et bien que certains défenseurs avancent les bienfaits des effets multiplicateurs du crédit sur la viabilité économique, il n’en reste pas moins que les prérogatives concédées à la structure bancaire et financière méritent d’être questionnées, surtout en rapport aux milliards de dollars qu’elle engrange à chaque année.

Ajout:  » La banque peut aussi créer simultanément la monnaie et la créance qui en constitue la contrepartie. En effet, elle peut, par exemple, accorder une avance de trésorerie ou une autorisation de découvert à un agent en contrepartie d’un simple engagement de rembourser pris par cet agent. Elle détient alors une créance sur l’argent, en échange de laquelle elle crédite son compte en banque. Lorsque le client rembourse sa dette à la banque, la monnaie créée par l’opération initiale est détruite” – Jacques Généreux, Introduction à l’économie, Page 85.

À lire: La fin de la logique comptable