
Cet article a été publié dans Le Devoir le 16 novembre 2021 sous le titre « Bientôt le déluge »
L’année 2021 n’est même pas encore terminée que l’on conclut déjà qu’elle trônera probablement sur le podium des années les plus chaudes tandis qu’une cascade de catastrophes déferle sur le globe.
La montée des eaux océaniques ainsi que le recul des glaciers aux pôles continuent sans cesse et ne pourront être évités même si les émissions de gaz à effet de serre s’arrêtaient abruptement. C’est ce que confirment plusieurs études soulignant que les glaciers réagissent avec des décennies et même des siècles de retard par rapport aux transformations du climat.
Un grain de sable s’est insinué dans les rouages de la mécanique climatique laissant craindre que le pire reste à venir face à l’accélération du rehaussement des températures, notamment par les émissions fugitives de méthane du pergélisol fondant ou des hydrates de carbone des mers qui feront perdre toute prise de l’homme sur l’accentuation du réchauffement planétaire et de ses conséquences sur le climat. Pourtant, le rapport Stern a bel et bien prévenu qu’il en coûterait 20 fois plus cher dans l’avenir pour protéger la planète contre les hausses de températures que si nous nous y attardions dès maintenant.
Et pendant ce temps, notre attentisme dans la prévention des périls écologiques futurs frise l’insouciance puérile malgré la tenue de maintes conférences sur le climat, comme celle de Glasgow récemment (COP26), qui ne débouchent toujours que sur de creuses promesses et des vœux pieux.
L’incrédulité ambiante et les intérêts contradictoires des nations développées contre ceux des pays émergents sont autant de freins à la résolution définitive de la problématique climatique. Sans compter la rivalité croissante entre les deux superpuissances planétaires, l’ancienne et la nouvelle, les États-Unis et la Chine, hypothéquant davantage les prochaines générations par le refus de ces dernières d’investir systématiquement dans la lutte aux changements climatiques considérée comme trop dispendieuse devant leur désir de domination économique et militaire. Ces deux pays émettant à eux seuls près de la moitié des GES de causalité humaine.
Malgré les beaux laïus entendus lors des multiples conférences sur le climat, les dirigeants politiques se cantonnent dans l’immobilisme. Les uns attendent que les autres bougent dans la crainte de perdre le moindre avantage économique dans ce féroce marché mondial globalisé dans lequel les nations les plus faibles mordent la poussière.
En ce monde dominé par l’implacable capital, peu importe les considérations environnementales ou la pérennité du genre humain. L’important est de garnir son portefeuille d’actions immédiatement au détriment du prix qu’aura à payer la descendance.
Cela est bien symptomatique de notre époque consumériste: achetez maintenant, payez plus tard…