Pierre Moreau et l’éducation

Le candidat à la chefferie du Parti libéral du Québec, Pierre Moreau, ne cesse de nous surprendre avec ses positions plus que contestables, surtout en ce qui a trait au domaine de l’éducation.

On le sait, il veut abolir les cégeps, qui constituent pour lui un vecteur sans équivoque dans la faible diplomation universitaire du Québec… mais oblitère l’apport positif de la présence des collèges dans la première place au Canada qu’occupe La Belle Province dans la proportion de diplômés en enseignement supérieur.

Et, de plus, Moreau est le seul des trois candidats qui persiste et signe sur la pertinence de la hausse marquée des droits universitaires suggérée par son mentor, Jean Charest, mais serait aussi favorable à une modulation de ceux-ci selon le programme, comme ses deux adversaires par ailleurs, Raymond Bachand et Philippe Couillard.

Ainsi, les formations en médecine, par exemple, étant plus coûteuses que celles en sciences sociales ou en éducation, les frais y seraient plus élevés. Or, on sait qu’une grille de tarifs selon les programmes se veut inégalitaire, car elle écarte les étudiants issus de familles moins nanties – ce que démontre la récente expérience ontarienne à cet égard.

On ne peut que douter de la volonté de Pierre Moreau de bonifier le bilan de l’éducation au Québec.  De l’un, il détruira le réseau collégial qui fournit un nombre élevé de diplômés en enseignement supérieur et de l’autre, il doublera pratiquement les droits universitaires tout en modulant ces derniers pour certains programmes plus pointus et donc plus rémunérateurs, allant ainsi à contre-sens d’un accès favorisé à l’université et d’une plus grande mobilité entre les classes sociales.

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La fin des CEGEP?

Cet article a été publié dans Métro Montréal le 29 janvier 2013

Pierre Moreau, candidat à la chefferie du Parti libéral du Québec, persiste et signe pour l’abolition du système collégial – les CEGEP – prétextant qu’il mine notre taux de diplômés universitaires par rapport aux autres provinces canadiennes (selon une étude de la très néolibérale École des Hautes études commerciales (HEC)).

Or, il faut se rappeler que les CEGEP furent instaurés en 1967 pour pallier le manque généralisé de savoir technique dans la population québécoise. Outre son caractère technique, on introduisit un secteur général en vue de préparation d’études universitaires. À cette époque, il s’agissait d’une très bonne idée, car en trois années, le nombre d’étudiants collégiaux passa de 18 000 à 70 000. Aujourd’hui, ils sont plus de 170 000. Et, en conséquence, l’accès à l’université fut facilité car il était autrefois limité aux diplômés d’écoles privées ou religieuses.

De nos jours, la vocation du réseau collégial demeure encore la formation d’une main-d’œuvre technique de qualité – certains programmes techniques étant très cotés – mais réside aussi dans l’accès aux études supérieures dans les régions éloignées des centres universitaires ainsi que dans l’enseignement d’une vaste culture générale.

Contrairement à ce que pense Pierre Moreau, il existe des collèges du même genre que les CEGEP à l’extérieur du Québec – le caractère obligatoire pour les finissants du secondaire pour accéder aux études universitaires avant l’âge de 21 ans ainsi que sa relative gratuité demeurant les seules différences notables des CEGEP par rapport aux autres institutions de même acabit ailleurs.

Dans le reste du Canada, ainsi qu’aux États-Unis, il existe des collèges techniques, souvent payants et parfois à prix modiques, avec aussi des offres de cours préparatoires à certains programmes universitaires plus spécialisés.

Et pourtant, le Québec est la province canadienne avec la plus grande scolarisation en études supérieures, malgré l’existence d’établissements similaires aux CEGEP hors du territoire québécois.

Devant ce constat, monsieur Moreau devrait considérer cela comme une réussite, plutôt que comme un échec et surtout se rappeler que le premier initiateur de la fondation du réseau collégial fut le père de la Révolution tranquille, Jean Lesage, premier ministre et ancien chef mythique de sa propre formation politique dans les années 60…

Casser les étudiants

Toute cette saga entourant la hausse des droits de scolarité ne nous ramène qu’à une chose : le gouvernement libéral de Jean Charest, représentant les segments les plus âgés de la population ainsi que le monde des affaires, cherche à casser l’émancipation politique des jeunes étudiants.

En effet, ignorer les revendications des travailleurs de demain – en refusant toute véritable négociation – revient à nier leurs droits de citoyen pleins et entiers.

C’est simplement les considérer avec condescendance.  C’est les inférioriser en les traitant comme des citoyens de seconde classe.

Mais, surtout, c’est les préparer à un avenir politique dans lequel leurs voix ne compteront guère.

En fait, il s’agit de les formater, de les conditionner, de les modeler à devenir des êtres apolitiques, déconnectés des autres, recroquevillés sur eux-mêmes et incapables de tout mouvement collectif –  tout ça pour maintenir la prédominance future des élites… mais à quel prix?

Une démocratie qui ne considère pas sa relève est vouée à disparaître…

Niveau de difficulté de texte selon Scolarius d’Influence Communication : 161 (universitaire)

Défendre le futur

Peu de Québécois comprennent l’importance du combat contre la hausse des droits de scolarité.  Au-delà des calculs et des coûts, le nœud du débat se situe ailleurs, c’est-à-dire dans l’avenir d’une société juste et équitable que nous voudrions léguer à nos enfants et petits-enfants.

L’éducation est le premier et le dernier jalon de l’établissement de la démocratie politique, mais aussi le fondement de la justice sociale dont dépend la pérennité de la culture démocratique.

Sans la diffusion tous azimuts de l’éducation supérieure dans la population, le phénomène de polarisation des richesses, d’accaparation de privilèges au seul bénéfice des élites et l’abrutissement de la masse devenue servile deviennent la norme.

Nous, Québécois, devrions pourtant bien le savoir. Sous la Grande Noirceur, l’analphabétisme et l’ignorance populaire maintenaient la nation québécoise sous le joug du clergé et des notables tandis que des compagnies américaines pillaient nos ressources avec comme seule base de redevance le principe duplessiste « d’une cenne la tonne ».

La démocratisation de l’éducation supérieure implantée dans les années 60 a fait sortir les Québécois de leur rôle de porteur d’eau et a permis leur appropriation des leviers du développement économique.  Ce retour du pendule dans l’autre sens avec cette hausse des droits de scolarité minerait tout ce que nous avons accompli : le Ministère de l’Éducation lui-même estime que celle-ci empêchera 7 000 personnes d’accéder à des études universitaires. Qui plus est, selon les Nations Unies, plus les droits de scolarité sont élevés, plus l’indice du développement humain (IDH) est faible.  Comme quoi l’éducation est et demeure la richesse la plus importante de chaque nation.

Mais n’essayez pas de faire entendre raison au gouvernement libéral de Jean Charest.  Plusieurs avenues étaient possibles pour renflouer les coffres des universités –  comme faire le ménage dans la bureaucratie et les avantages princiers des recteurs -, surtout lorsqu’on considère que la nouvelle contribution estudiantine demandée ne correspond qu’à un minime 5% du budget total des universités.

Le choix est donc purement idéologique, malgré les sorties lénifiantes de la ministre Line Beauchamp.

L’opposition à ce renchérissement des tarifs universitaires n’est donc pas anodine.  C’est le premier front de l’équité sociale ainsi que de la préservation des idéaux solidaires sur un continent nord-américain où tout ce qui a de la valeur doit nécessairement avoir un prix exorbitant.

Niveau de difficulté de texte selon Scolarius d’Influence Communication : 180 (universitaire)

L’oubli du passé

Ce texte a été publié dans Métro Montréal le 13 mars 2012

Les pourfendeurs de la grève étudiante sont souvent les mêmes qui décriaient, il n’y a pas si longtemps, l’apathie sociale et la dépolitisation de la jeunesse québécoise.

Or, cette dernière vient de démontrer, avec l’élargissement de la protestation, qu’elle est bel et bien capable de se mobiliser face à des politiques aux antipodes des valeurs sociales ayant jadis été portées par leurs prédécesseurs qui croyaient à un idéal de société juste permettant un accès facile aux études supérieures, garantes de la formation de citoyens éclairés et conscientisés aux enjeux sociopolitiques, si nécessaire à la santé de la démocratie.

Maintenant, un bon nombre de ces mêmes prédécesseurs – parents et grands-parents –  regardent du haut de leur piédestal, et avec une certaine condescendance, leurs progénitures se battre pour préserver ce qu’ils ont autrefois réclamé et obtenu. 

Force est de constater que ces étudiants d’hier ont vite oublié que l’éducation est la principale arme contre l’asservissement d’un peuple et que l’ignorance permet à un régime autocratique de s’installer dans la passivité populaire – comme sous Duplessis.

En fait, ironiquement, ce sont désormais eux qui sont enclins à l’apathie sociale et à la dépolitisation…     

Niveau de difficulté de texte selon Scolarius d’Influence Communication : 270 (initié)

Mario Dumont, Montréal-Nord et l’éducation

Le sans-pareil chef de l’Action Démocratique du Québec utilise les événements de Montréal-Nord afin de discréditer le système d’éducation public du Québec. Une récupération politique crasseuse dont lui seul à la recette.

À son avis, cela confirme la faillite du régime d’éducation et l’on devrait, bien sûr, se tourner vers le merveilleux modèle américain qui s’approche, selon lui, de la perfection.

Néanmoins, les données du « Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) » démontrent que le Québec s’en tire très bien sur le plan éducatif. Les résultats scolaires des jeunes québécois en mathématique surpassent ceux des autres provinces canadiennes et se classent au 5e rang mondial derrière Taïwan, Hong-Kong, la Corée et la Finlande. En lecture et en sciences, le Québec se situerait aussi au 4e rang international.

Alors monsieur Dumont devrait se tourner sept fois la langue dans la bouche avant de parler de faillite de l’éducation au Québec et d’exploiter indument tout ce qui se passe dans l’actualité afin de convaincre les électeurs de la pertinence de son programme néolibéral.

En somme, il propose tout bêtement de régler les problèmes ethno-sociaux de Montréal-Nord en misant sur l’éducation lorsque la véritable cause des maux qui affligent cette localité n’est pas le manque d’instruction, mais bien le chômage chronique. En fait, à Montréal-nord, le taux de chômage s’établit à 12%  tandis qu’il est de 7,4% dans l’ensemble de la population québécoise.

Certains diront que Montréal-Nord comporte un pourcentage élevé de décrocheurs et ils ont raison. Mais ce n’est pas l’origine de la problématique, mais simplement la conséquence. On ne résout pas un problème en s’attardant aux résultats en aval, mais en s’attaquant à la source en amont : une famille dont les parents sont victimes de chômage et de pauvreté n’offre pas un milieu propice à la réussite scolaire des enfants. Bref, la pauvreté engendre la pauvreté.

Aussi, comme tout bon défenseur des idées de droite, Dumont entend instaurer une discipline accrue dans les institutions d’enseignement et créer des groupes policiers d’intervention spéciale pour lutter contre les gangs de rue. Pourtant, l’expérience tend à prouver que la répression ne résout pas la criminalité, mais la catalyse encore plus en suscitant la révolte et en brisant des familles par les incarcérations subséquentes. La véritable voie est l’intégration par l’emploi mais monsieur Dumont n’est pas capable de comprendre ce concept.

Le chef de l’ADQ aborde ce dossier dans une logique inverse sans tenir compte de l’ensemble du tableau socio-économique de Montréal-Nord. Il place sur l’avant-scène des solutions faciles tout en évitant des questionnements profonds sur une société basée sur les inégalités économiques et les valeurs individualistes.

Cuba trouve un vaccin contre le cancer du poumon

Des chercheurs du Centre d’immunologie moléculaire de La Havane ont conçu un vaccin luttant contre le cancer du poumon et promettent qu’il sera bientôt offert sur le marché mondial.  Un long processus d’essais et de recherches s’étalant sur 15 années et qui porte maintenant ses fruits.

Elle est bien bonne celle-là.  Un système de santé public a pu faire une percée scientifique remarquable dans un domaine dans lequel les richissimes hôpitaux américains et centres privés de recherche médicale ont échoué.

Une véritable prouesse pour un pays soumis à un blocus américain depuis 50 ans et ne possédant que des moyens limités.  Cuba n’a pas seulement le meilleur système de santé au monde, mais aussi des universités publiques de premier ordre où le savoir est utilisé à bon escient et dans un but altruiste contrairement à celles des États-unis où la gloire personnelle et l’argent sont valorisés.

Inefficace la santé publique?  Cela devrait clouer le bec aux partisans de la privatisation en santé.

Prendre en otage les enfants

Les chirurgiens-dentistes ne manquent pas d’aplomb.  Ils menaçaient de charger plein tarifs aux enfants de moins de dix ans et aux assistés sociaux pour leurs services.

Cette semaine, après un ultimatum de 30 jours envers le gouvernement, 70% des dentistes se sont désaffiliés de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) car ils considèrent que leur rétribution moyenne (estimée de leur part) de 10$ par intervention après déduction de tous les coûts d’opération est insuffisante.

En riposte, le ministre de la santé, Philippe Couillard, a menacé d’imposer un décret fixant les tarifs actuels à ceux de 2003 si une entente n’intervenait pas avant le 4 avril. 

Le président de l’Association des Chirurgiens Dentistes du Québec, Serge Langlois, juge qu’il est inapproprié de la part de l’État de demander aux dentistes d’assurer les coûts d’un système public.

Cependant, ces spécialistes devraient tenir compte d’autres facteurs.  Le ministère de l’éducation finance en grande partie les études supérieures par le biais des impôts que paient justement les parents des enfants que l’on menace.  Partout, en Amérique du Nord, les coûts d’études en chirurgie dentaire sont beaucoup plus dispendieux, mais les dentistes ignorent cet avantage dont ils ont bénéficié et devraient au contraire remercier les québécois en procédant à des consultations à moindres tarifs pour les personnes les plus vulnérables de la société. Sans compter que ces clients ne constituent qu’un dixième de toute leur clientèle.

S’il y a une attitude irresponsable et égoïste dans cette histoire, c’est bien celle des chirurgiens-dentistes.  Avec un salaire moyen dépassant 120 000$ par année, et même souvent plus, ces derniers ne sont pas à plaindre. Afin d’accroître leurs pécules, ils sont maintenant prêts à opérer un odieux chantage sans considération des besoins d’une population qui a permis l’obtention de leurs diplômes à moindre frais.