Richard Martineau et les clichés à l’occidental

Comme propagandiste de droite, Martineau est difficile à battre dans sa chronique « C’est l’économie, stupide ! » de lundi dernier dans le Journal de Montréal.

Il affirme que seul l’incitatif économique peut changer l’être humain et que ce dernier n’est pas un animal altruiste. Ce chroniqueur faisait référence ici à la hausse du prix du pétrole qui oblige les consommateurs à faire des choix plus « verts » dans leurs moyens de transport.

Martineau devrait s’enrichir de quelques notions d’anthropologie avant de sortir ce cliché purement occidental.

Le fait est que l’Homme est le résultat de son environnement et de ses expériences. L’égoïsme et l’individualisme primaire qui règnent dans l’Occident contemporain ne sont pas des absolus du comportement humain.

D’autres communautés se sont construites en s’appuyant sur des valeurs contraires, comme le partage et la solidarité : citons les amérindiens et les tribus primitives de la préhistoire qui combinaient les forces de tous leurs membres afin de survivre dans un milieu hostile.

Aussi, la domination omniprésente de l’élite industrielle et commerciale qui impose sa vision de la société aux travailleurs est probablement la cause de cette attitude individualiste qui est maintenant entrée dans tous les esprits. Le modelage des valeurs ne vient pas du bas de la pyramide sociale, mais bien, de nos jours, du haut. Une minorité nous force à accepter ses idées par sa propagande incessante dans les médias (tel que Quebecor World qui est l’employeur de monsieur Martineau) et ce à un tel point que nous les prenons pour des vérités inaltérables.

De plus, comment opter pour un mode de vie plus écologique quand les producteurs ne proposent pratiquement aucune alternative de consommation?  Par ailleurs, comment acquérir des produits moins polluants et plus dispendieux lorsqu’un salarié moyen a peine à joindre les deux bouts?

Ici, Martineau fait preuve d’occidentocentrisme et d’un manque de vision globale. Ce n’est pas le « peuple » qui est responsable de la stagnation devant les problèmes environnementaux, mais bien les actionnaires des grandes entreprises et leurs sbires qui retardent les véritables changements car ceux-ci ne s’avéreraient pas rentables à court terme.

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Du pain et des jeux

Notre civilisation n’a rien à envier au défunt Empire Romain antique qui régnait autrefois sur l’Europe.  Les classes opulentes des deux époques avaient bien compris de quelle façon amadouer la masse populaire en lui donnant le minimum nécessaire à sa survie tout en l’égarant de sa triste réalité avec des distractions futiles.

Comme le Colisée de Rome, nos stades et nos arénas de hockey ne servent qu’un but : faire sortir la vapeur émanant de la colère et de l’insatisfaction de la population et la dérouter dans l’adoration de jeux factices afin de lui camoufler le pitoyable état de la société. Le citoyen s’identifie à son héro sportif en regardant la télévision, bien assis sur son sofa avec une bière à la main droite et un sac de croustilles à la main gauche, au lieu de manifester pour une amélioration de son niveau de vie et de la qualité de l’environnement.

En fait, un exutoire dont tirent avantage les élites car de cette manière, les regards sont détournés de leurs activités et elles s’enrichissent impunément pendant qu’on adule les vedettes sportives à la télévision. 

Victimes de l’abrutissement par le sport professionnel commercialisé, nous sommes à  l’image d’un enfant dont on détourne l’attention afin de lui dérober son bien.

Le chacun pour soi


Dans cette civilisation ultra-individualiste qui est la nôtre, nous sommes seuls. Seuls devant la misère, seuls en face des problèmes qui nous affligent et seuls à combattre les maux qui tourmentent nos existences.

Les défis du genre humain sont de plus en plus globaux, sociaux et le capitalisme nous divise en centrant notre attention sur notre petite personne en écartant les besoins des autres et de nous-mêmes.

Le chacun pour soi, voilà le nouveau mot d’ordre. N’aidez pas votre voisin car cela ne vous rapportera rien. Ignorez le miséreux qui tend sa main vers vous car ce n’est qu’un rebut de la société qui ne mérite pas d’exister. Ne pensez qu’à vous, qu’à votre petit bonheur personnel et détournez votre attention de votre prochain car cela n’en vaut pas la peine.

La société capitaliste a introduit ces préceptes dans notre inconscient collectif et nous acceptons sans réticence ses nouveaux commandements.

Elle nous gave de propagande et de publicités abrutissantes nous faisant oublier ce qu’est vraiment un humain : un être social qui a besoin de l’autre pour vivre et exister. L’aide que l’on apporte à la personne en détresse nous revient un jour ou l’autre car nous sommes tous reliés à une grande chaîne de la vie.

La civilisation actuelle nous dévie des valeurs qui ont permis à l’humanité de survivre pendant des milliers d’années. L’avenir apparaît bien vacillant pour notre espèce car le capitalisme triomphant renie ce qui a fait d’elle la race dominante sur cette planète.

La taille humaine : un indicateur d’équité sociale


Voila une constatation intéressante pour ceux qui dénigrent le modèle social-démocrate du Québec : ses habitants gagneraient en hauteur anthropomorphique au détriment des citoyens des États-Unis!

Une étude de l’Institut de la statistique du Québec prouve que la taille des québécois est à la hausse et que celle des américains se réduit de plus en plus. Le Québécois moyen mesurerait 1,75 mètre, le Canadien 1,74m et l’Américain 1,76m. En fait, depuis le début du XXe siècle, nous aurions gagné plus de 7,5 cm en comparaison à nos voisins ontariens tandis que les Américains ne cessent de raccourcir depuis 50 ans. Aussi, les Danois, qui furent l’un des peuples les plus petits d’Europe depuis un siècle et demi, sont aujourd’hui la population la plus grande des pays développés (1,83m).

Comment expliquer ces fluctuations de taille chez les être humains? Et bien, selon l’économiste John Komlos de l’Université de Munich, les bonnes conditions de vie et le bonheur seraient intimement liés à la tendance haussière de la stature des individus. Ce qui expliquerait le phénomène de décroissance anthropomorphique aux États-Unis qui connaissent un accroissement des inégalités sociales et de la pauvreté depuis plusieurs décennies. Au contraire, le Québec a l’écart économique le moins prononcé entre les classes sociales de tout le continent et le Danemark a une forte tradition social-démocrate.

Voici une preuve anthropologique de la viabilité d’un système social équitable sur le bien-être de ses citoyens. Avant de balancer par-dessus bord tous les acquis sociaux du Québec, nous devrions considérer ces nouvelles informations.

Altruisme et anthropologie

On croyait depuis toujours que l’altruisme était le propre de l’Homme mais de récentes études démontrent le contraire.

En effet, les expérimentations de l’Institut d’anthropologie Max Planck de Leipzig en Allemagne tendent à suggérer que les comportements compassionnels sans rétribution sont aussi présents dans les communautés de singes que chez les jeunes enfants humains.

On peut alors affirmer que la générosité gratuite est un attribut du monde animal et de l’état de nature. La tendance de l’humanité à aider son prochain ne serait donc pas un phénomène incongru et réservé à son espèce.

Une bonne nouvelle pour ceux qui désespèrent de la bonté de l’Homme et de sa capacité de survivre en société et de perdurer en tant que race.

Néanmoins, certains affirment que la prodigalité serait un attribut de la jeunesse et qu’avec l’age, les individus (humains ou animaux) perdraient ce trait de caractère. Ce qui pourrait expliquer l’évolution de la jeunesse contestataire des années 60 qui est aujourd’hui à sa maturité et qui est devenue la plus grande consommatrice de biens matériels et la plus farouche partisane des valeurs individualistes.

Cependant, une analyse plus objective démontre que les humains ont une prédisposition à s’entraider lorsque les conditions de vie sont difficiles (survie de la race oblige) et à s’éloigner ainsi qu’à ignorer la misère de l’autre lorsqu’une relative prospérité domine (comme depuis la fin de la deuxième guerre mondiale). Par exemple, les tribus primitives humaines chassaient en groupe et s’appuyaient collectivement dans le milieu hostile de la préhistoire. Cela peut faire penser au communisme primitif que suggérait Marx.

En conclusion, l’altruisme est une caractéristique chez certaines races animales, dont l’Humanité, mais le contexte joue aussi un très grand rôle dans le développement de ce comportement. Un environnement défavorable, comme celui que nous réserve l’avenir, poussera le genre humain à concerter ses efforts, regrouper ses forces, ses énergies ainsi qu’à s’entraider mutuellement afin de perdurer, comme il l’a déjà fait dans le passé.