Cet article a été publié dans Le Devoir le 13 octobre 2020

L’histoire politique d’un certain pays d’Europe centrale gouverné par un caporal allemand d’origine autrichienne un peu avant la Deuxième Guerre mondiale est riche d’enseignements pour tous les despotes en devenir du XXIe siècle comme Donald Trump. Voici un petit guide en 5 étapes très utiles.
La première étape du b.a.-ba de la prise du pouvoir par le dictateur est d’installer un climat de méfiance envers tout ce qui est racialement et culturellement différent de la majorité de la population. Jadis, on attaquait les Juifs ou les Tsiganes. Aujourd’hui, on pointe du doigt les Noirs, les Latino-Américains et les Arabes.
La deuxième étape consiste à créer une aura de sauveur autour du chef qui libérera le peuple d’une grande cabale internationale ourdie par de grands corrupteurs sans âme. Avant, on désignait en ce sens la juiverie internationale. De nos jours, on cible (aussi) des pédosatanistes sanguinaires gouvernant secrètement le monde à partir d’un « État profond ».
La troisième de ces étapes se résume en l’établissement d’une propagande idéologique mur-à-mur faisant passer les mensonges pour la vérité. À une époque, on lisait Mein Kempf et on se faisait laver le cerveau par les films propagandistes du parti unique. Maintenant, on se laisse embrigader par les allégations fallacieuses de QAnon, les « fake news » ou la désinformation du réseau Fox. On se laisse aussi influencer par le travail d’agences de marketing inondant les réseaux sociaux de commentaires faussement favorables au chef.
Quatrième étape, la formation d’escadrons disciplinés suivant à la lettre les ordres du chef. Dans les années 20 et 30 du siècle dernier, les SA et les SS faisaient régner la terreur en combattant les communistes. En 2020, on excite des milices d’extrême droite qui essaient de renverser des gouvernements par les armes et de kidnapper des élus jugés de gauche radicale.
Cinquième et dernière étape, la non-reconnaissance des institutions politiques et la prise du pouvoir total selon des motifs douteux. Autrefois, on tentait un putsch en Bavière et on incendiait le Reichstag en blâmant une minorité. Désormais, on laisse planer des doutes sur la validité d’un scrutin et sur la passation pacifique du pouvoir en cas de défaite…
Au clair et net ! Belle lecture des choses… des choses tellement merdiques !
Très bon article! Tu es plus cultivé que moi : )