La faillite des nations II

La débâcle se poursuit.

La séance boursière du 4 août 2011 se termine en nouveau « jeudi noir » face à la problématique des dettes souveraines s’étendant maintenant aux quatre coins de l’Occident.  Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, et prochainement l’Italie, voilà désormais que les États-Unis – encore première puissance économique du monde – voient leur cote de crédit ramener à la baisse par les agences de notation dont la compétence est remise en doute depuis quelques années car elles n’ont pu prévenir l’effondrement financier même si celles-ci détenaient tous les outils d’estimation et de régulation par ricochet du crédit.

Mêmes les marchés boursiers des pays émergents ont été affectés par cette débandade généralisée – signe que la reprise tant annoncée par les experts des instances économiques internationales – les mêmes qui n’ont jamais vu venir la crise financière de 2008-  n’est pas pour demain.

Difficile, dès lors, de soutenir en même temps une économie chancelante lorsque les États surendettés, au bord de la faillite, doivent instaurer une fois de plus des onéreux programmes de relance économique tandis que plusieurs banques américaines, et surtout européennes, ont peine à passer les « stress tests » imposés par les autorités publiques –  à un point tel que les États de l’Union européenne ont convenu de soutenir les institutions bancaires en difficulté avec encore plus de fonds publics.  Tout ça dans un environnement macroéconomique précaire exacerbé par une crise des dettes souveraines raréfiant encore plus le crédit disponible et haussant les taux d’intérêt.

Pendant que les investisseurs se désintéressent du marché, la classe moyenne – déjà amochée par la crise et les pertes d’emplois conséquentes – subit les frais de l’effondrement financier d’un capitalisme néolibéral déréglé ayant perdu les pédales.

Au-lieu de trouver de nouvelles sources de financement chez les plus nantis, les États – aux mains des mêmes groupes ayant mené à cette crise – serrent la vis sur les programmes sociaux et les prestations de retraite des gens ordinaires – nous rapprochant encore plus d’une prochaine rupture sociétale qui ébranlera jusqu’à ses fondations toute la civilisation occidentale et au-delà.

À lire:  La faillite des nations I , La grande rupture sociétale

Niveau de difficulté de texte selon Scolarius d’Influence Communication :  302 (initié)

Publicité

18 réflexions sur “La faillite des nations II

  1. «Au-lieu de trouver de nouvelles sources de financement chez les plus nantis, les États – aux mains des mêmes personnes ayant mené à cette crise – serrent la vis sur les programmes sociaux et les prestations de retraite des gens ordinaires, nous rapprochant encore plus d’une prochaine rupture sociétale qui ébranlera jusqu’à ses fondations toute la civilisation occidentale et au-delà.»

    Je vois que tu es moins optimiste que dans le billet sur la rupture sociétale. De fait, les néolobéraux n’ont retenu aucune leçon. S’il y a quelque chose, ils vont encore plus loin qu’ils allaient avant 2008. Le niveau des dépenses publiques et des recettes aux États-Unis est à son plus bas depuis les années 1950. Et encore, une proportion indécente de ces dépenses va à la «défense» et à la gestion des prisons. Mais, en 2010, les profits du secteur financier ont atteint 35 % de tous les profits aux États-Unis… (tableau 6.16D de http://www.bea.gov/national/nipaweb/selecttable.asp )

    En Europe, on applique l’équivalent des programmes d’ajustement structurel qui ont ruinés tant de pays pauvres. Non, cette fois, je trouve la situation encore pire qu’il y a un an ou deux… Dur de voir la lumière dans ce four noir…

  2. Je suis plus optimiste que tu ne le crois.

    La crise permettra d’entrevoir de nouvelles avenues et de centrer le pouvoir politique sur les citoyens au-lieu des entreprises et du monde de la finance comme il l’est présentement.

    Le point de rupture va bientôt être atteint…

  3. «La crise permettra d’entrevoir de nouvelles avenues et de centrer le pouvoir politique sur les citoyens au-lieu des entreprises et du monde de la finance comme il l’est présentement.»

    J’aimerais bien… Mais, à voir le peu de changement réel depuis le début de cette crise, l’application de mesures d’austérité partout, il m’est difficile de partager ton optimisme.

    Il faut dire que je suis en train de lire un livre qui raconte justement tout ce qui a été fait et ce qui aurait pu et dû être fait. Et cela ne vient même pas d’un gauchiste, mais d’un centriste keynésien. Ce n’est pas très encourageant…

  4. « La crise permettra d’entrevoir de nouvelles avenues et de centrer le pouvoir politique sur les citoyen »

    Ça fait un peu « pensée magique » je trouve. En quoi la crise vous assure que le pouvoir politique se centrera sur les citoyens? Pourquoi les crises précédentes n’ont pas eu cet effet? Qui donnera ce pouvoir aux citoyens?

    L’élite du monde d’aujourd’hui sait déjà depuis longtemps que son système s’écroulera sous peu. Et elle est déjà prête à instaurer SON alternative mondiale. Pensez-vous qu’ils n’avaient pas prévus les mouvements de révolte un peu partout en Afrique, en Europe et en Amérique? Bin voyons donc! Leur but est évidemment de nous diviser pour pouvoir mieux instaurer le monde de demain. Nous diviser entre syndiqués, non-syndiqués, chômeurs, travailleurs, écolos, consuméristes, entre formoisie et formariat, entre ceux qui ont UN PEU de pouvoir sur leur vie et ceux qui en ont pas du tout.

    Pour le futur, une seule option nous assurera une emprise des citoyens sur la vie sociale: que les citoyens s’organisent EUX-MÊME pour IMPOSER leur hégémonie collective. Et pas seulement au Québec, la prochaine révolution doit être mondiale! Ce doit être une révolution des civilisation, une révolisation. Comme vous savez, je propose le système de délégation révocable par 25, mais d’autres projets de cette sorte existent déjà, même au Québec. J’ai en tête le « Projet 20/20 » d’Alain M. Bergeron….l’important au fond, c’est de REGROUPER les citoyens pour qu’ils créent eux-même leur outil politique, un outil qui viendra remplacer l’appareil politique actuel, moribond. Le changement ne viendra plus d’en haut, on l’aura compris.

  5. « La crise permettra d’entrevoir de nouvelles avenues et de centrer le pouvoir politique sur les citoyens au-lieu des entreprises et du monde de la finance comme il l’est présentement.  »

    Ouais ouais….on nous l’a déjà faite celle-là!

    Moi je prédit qu’après cette crise on va continuer de se flageller en privatisant plus et en donnant plus d’argents à nos richissimes affairistes pour les calmer…

    On entretient une relation sado-maso avec les riches….

  6. @André

    « Ça fait un peu « pensée magique » je trouve. »

    Qui vous dit que je ne parle pas d’une certaine révolution ici? C’est une affirmation facile.

    @Koval

    À quoi sert de discuter politique si l’on croit que rien ne va changer? Autant se préparer un bunker avec une kyrielle d’armes en attendant le chaos final.

  7. @ Jimmy

    «À quoi sert de discuter politique si l’on croit que rien ne va changer? »

    Je ne suis pas sûr de ce que tu veux dire par là. Même si je suis assez pessimiste moi-même, je crois que j’ai le droit de débattre. En plus, on ne débat pas parce c’est utile, en tout cas pas seulement pour ça, surtout sur des sujets internationaux sur lesquels nous n’avons manifestement aucun impact (et ne nous leurrons pas sur ceux que nous avons sur les sujets locaux). Débattre permet d’affiner sa pensée, c’est déjà ça…

    Sur le sujet, Frédéric Lordon a publié hier un long billet sur le sujet :
    Le commencement de la fin
    http://blog.mondediplo.net/2011-08-11-Le-commencement-de-la-fin

    Il est aussi très pessimiste (enfin, pour le capitalisme!), mais je trouve sa contribution fort intéressante quand même. Extraits :

    «la certitude de la catastrophe finale commence à se profiler»

    «l’or n’est qu’une rémanence de fétichisme métallique» (j’ai déjà comparé l’étalon or à du fétichisme dans des débats avec des libertariens, alors, je ne peux que sourire face à cette expression utilisée par Lordon!)

    À lire (même si c’est long…)!

  8. « Autant se préparer un bunker avec une kyrielle d’armes en attendant le choas final. »

    Ah ouin!?! Tu me donnes des bonnes idées Jimmy, j’avais jamais pensé à ça! 😉

  9. Un parti d’extrême droite en Grande-Bretagne a suggéré au gouvernement de déployer ses militants afin de rétablir l’ordre. Ouf! On n’est pas loin des chemises brunes ou du film « V pour vendetta ».

  10. @Darwin

    En lisant ton commentaire, je crois qu’on en revient au sujet traité dans mon billet sur l’évolution des sociétés humaines… un débat infini.

  11. Oui, je rigolais aussi…

    « Un parti d’extrême droite en Grande-Bretagne a suggéré au gouvernement de déployer ses militants afin de rétablir l’ordre. »

    As-tu un lien?

  12. Merci pour cette vidéo. Comme d’habitude, l’ennemi change de visage pour l’extrême droite. Hier, les juifs, aujourd’hui les musulmans. Quoi que je crois que cette soudaine affection envers les israéliens ne soit que temporaire, afin de faire croire qu’ils ne tombent pas dans les mêmes schèmes du passé de l’extrême droite.. Connaissant les appréhensions de la droite radicale envers le juif banquier contrôlant le monde, les mauvaises habitudes referont surface assez rapidement…

  13. «As-tu un lien?»

    J’avais lu ça dans La Presse ce matin.

    G.-B.: des citoyens à la chasse aux émeutiers
    http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/emeutes-au-royaume-uni/201108/12/01-4425344-g-b-des-citoyens-a-la-chasse-aux-emeutiers.php

    «Mais d’autres groupes inquiètent les autorités. Par exemple l’English Defense League (EDL), regroupement d’extrême droite qui dit avoir organisé des patrouilles citoyennes dans cinq villes.»

    «Selon le quotidien The Independant, des membres du groupe de 200 personnes auraient pourchassé un adolescent de 17 ans en criant: «Attrapez les Noirs et les Pakis!»»

  14. Ping : La faillite des nations | Pour que Demain soit

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s