Collusion dans la construction et mœurs politiques

Rien ne va plus.

Les récentes révélations d’une collusion des entrepreneurs en construction lors de l’octroi de contrats municipaux ou gouvernementaux, la corruption politique afférente et le ras-le-bol général appellent à une remise en question des mœurs politiques.

Tout a commencé avec la saga des compteurs d’eau pour être suivi par les allusions de relations douteuses de Benoit Labonté, ancien chef de l’opposition à l’Hôtel de ville de Montréal,  avec l’entrepreneur Tony Accurso.  En entrevue à RDI, Monsieur Labonté a répondu à ces accusations en impliquant anonymement plusieurs élus et fonctionnaires dans le « système mafieux » qui régnerait à la Ville de Montréal.

Et le gouvernement libéral de Jean Charest réagit avec tiédeur en écartant une enquête publique, comme s’il avait des choses à cacher, et remet la paternité du dossier à la Sureté du Québec (SQ) avec l’opération Marteau afin de se délester des conséquences politiques éventuelles et de diluer ses rapports incestueux avec certaines entreprises privées de génie-conseil et de construction.

Pourtant, les coûts de construction en infrastructure au Québec sont de 42% supérieurs à la moyenne des provinces canadiennes (selon le reportage d’Enquête à Radio-Canada) et l’on se demande pourquoi notre réseau routier est en si pitoyable état.  Il y a évidemment anguille sous roche.

Le monde politique québécois est malade, même si notre démocratie est l’une des plus saines de la planète par ses pratiques électorales intègres.  Mais le symptôme de la maladie se situe en amont, pas en aval.

Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Le nœud du problème se situe dans le financement des élus et des partis politiques.  Bien qu’une loi sur le financement des partis politiques ait été votée en 1977 par le Parti Québécois, il semble évident que cette législation manque de dents et devrait être revue de fond en comble.

Comme je l’affirmais dans un précédent article publié dans Le Devoir, il faudrait limiter le financement des partis politiques qu’aux contributions de l’État déterminées en rapport aux nombres de voix obtenues.  Ainsi, un parti politique ne recevrait qu’un budget égal à la quantité de votes reçus lors du dernier scrutin et ne pourrait travestir les élections et la gestion des affaires publiques par des dons électoraux privés et particuliers contraires aux intérêts collectifs.

Seulement ainsi pourrions-nous assainir les mœurs politiques et se payer une véritable démocratie.

Ajout: un nouveau parti pourrait recevoir du financement en rapport à son nombre de membres et ensuite, après une élection, se voir attribuer des contributions selon les voix obtenues, comme tous les autres.

À lire:  Corruption libérale

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Pour en finir avec la corruption politique

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Un chef à l’image de l’ADQ

Enfin.  L’Action Démocratique du Québec a un chef à la juste mesure de son idéologie politique.

Il était un peu anachronique d’avoir un jeune dans la trentaine à la tête d’une formation politique aussi rétrograde et même réactionnaire à certains égards.  Mais c’était là la beauté de la chose :  mettre en avant de la scène un petit jeune « premier de classe » pour faire avancer les lubies vétustes d’un parti fondé et dirigé à ses tous débuts par une relique du passé (Jean Allaire, né en 1930).

Bref, on essayait de draper le programme carrément conservateur du parti sous un emballage de nouveauté afin de séduire ainsi que duper un électorat peu conscientisé politiquement.

En fait, un tel parti politique aurait été beaucoup plus cohérent avec un dirigeant dont l’âge réflétait les notions arriérées de l’ADQ.  Maintenant, c’est chose faite avec Gilles Taillon.

Désormais, la voix principale de l’ADQ est au diapason de sa plate-forme électorale et les électeurs peuvent enfin voir le vrai visage de ce parti avec son nouveau chef âgé de 64 ans, issu du patronat et imprégné des idées d’une autre époque.

On est loin du sympathique Dumont, fier représentant de la jeunesse et soi-disant porteur d’idées « novatrices », qui faisait écran aux véritables promoteurs et objectifs du parti.

Des origines et de l’utilité des religions

Quelle est la source de l’éclosion d’un phénomène religieux?  La révélation divine à un messie ou un simple contexte historique favorisant son apparition?

De prime abord, l’Homme a toujours tenté d’expliquer ce qu’il ne saisissait pas des phénomènes naturels ou des grandes questions existentielles par des références surnaturelles, mythiques ou divines.  Une réaction anthropologiquement normale qui permettait et permet encore à l’Humain de combler le vide dont ce qu’il ne peut expliquer l’existence.

Par ailleurs, les religions ont toujours joué un rôle social prépondérant dans les sociétés plus primitives.  Dès les débuts de la vie en collectivité, les communautés humaines cherchaient à définir les rapports sociaux entre les individus.  Aucun État de droit n’étant présent, les groupes humains devaient édicter un code de conduite applicable à tout un chacun pour le bien commun.  Ainsi, toutes les religions possèdent un ensemble de règles morales qui ont inspiré d’une façon ou d’une autre les lois qui régissent actuellement les civilisations contemporaines.

De plus, l’avènement et l’expansion d’une religion peuvent trouver leurs origines en réaction à un environnement d’oppression ou d’indigence.

Par exemple, le christianisme est né de l’opposition au joug romain et au barbarisme de l’Empire.  À la force et la violence, les Chrétiens proposaient la compassion et la paix. Ainsi, il semble plus plausible que Jésus-Christ ait été un agitateur politique et l’un des premiers révolutionnaires de l’Histoire que l’improbable fils de Dieu affirmé par la Bible.  Tout ce qui a été écrit par la suite à son sujet n’est probablement qu’exagération et fabulation tirées de la pensée rudimentaire régnant dans les siècles subséquents.

Un autre exemple est la popularité et l’extension de l’Islam aux XXe et XXIe siècles.  Cette religion monothéiste se renforce à l’époque contemporaine et accueille progressivement un nombre croissant de fidèles, particulièrement en Afrique où la misère est grande.  Encore ici, il s’agit d’un réflexe à une situation historique et socio-économique particulière.  Devant l’extrême pauvreté, bien des populations se refugient dans la foi en un dieu protecteur dans l’espoir d’une après-vie meilleure.

Quel est l’avenir des religions?  En face des temps difficiles au niveau social, géopolitique, économique ou environnemental que nous entrevoyons par la porte embrouillée du futur, nous pouvons assister à une recrudescence de la fibre ecclésiastique, chez-nous, en Occident.  La crainte de l’avenir, la plus grande inconnue de toute, surtout à notre ère perturbée, alimente les religions et ravive la flamme croyante au risque de s’éloigner de la raison et de la logique.

Le vol de la dette publique

Nous jouissons, au Québec, d’une qualité de vie exceptionnelle.  Des services sociaux à faire pâlir de jalousie un grand nombre d’américains, surtout en ces temps de disette économique, et un environnement social généralement paisible dans lequel on peut évoluer sans avoir peur de se faire agresser au tournant de la rue ou au dépanneur du coin.

Par ailleurs, le coefficient de Gini, mesurant le niveau d’inégalité économique dans une société donnée, a récemment fait ressortir que le Québec a connu depuis vingt ans une moindre accentuation de l’iniquité sociale en comparaison des autres provinces canadiennes ou des États-Unis.  Il en est de même pour les pays à tendance social-démocrate de la Scandinavie et de l’Europe de l’Ouest qui ont su freiner l’aggravation des écarts de revenus dans leurs populations respectives.

Certains rétorquent que le poids d’un tel ensemble de mesures d’aplanissement socio-économique est trop lourd à porter et que celui-ci se maintient au prix d’un endettement public dangereusement élevé. Ceci est l’éternelle rhétorique de la pensée mercantile qui réduit tout ce qui est social à la plus simple expression monétaire sans apprécier le facteur humain de l’équation sociétale.

Même si l’on admet que la dette publique de l’état du Québec demeure l’une des plus élevées en Amérique du nord, on est en droit de se demander comment en est-on arrivé là?

Depuis la grande noirceur de Duplessis jusqu’au présent gouvernement libéral de Jean Charest, le Québec a toujours plié les genoux devant les multinationales, particulièrement américaines, et a éternellement hésité à demander de véritables redevances sur l’exploitation abusive de ses ressources dont l’objectif aurait été d’assurer la préservation de celles-ci et l’enrichissement de la nation.

On apprenait, en juin dernier, que 22 entreprises minières ont échappé à l’impôt entre 2002 et 2008 en s’appuyant sur tel ou tel avantage fiscal douteux.

Les compagnies forestières, elles aussi, ne sont pas à plaindre.  Après avoir rasé les aires forestières durant des décennies avec le consentement implicite des gouvernements tout en ne retournant que des miettes à la collectivité, elles ont reçu, en 2007,  351 millions de dollars en remboursement de travaux sylvicoles après avoir déboursé 228 M$ en redevances et 5 M$ en impôt sur les profits! Faites le calcul vous-même!  À cela, il faut ajouter les centaines des millions de dollars d’aide à l’industrie forestière octroyés par le provincial!

Parlons de l’eau qui sera la ressource la plus convoitée dans l’avenir.  Durant longtemps, Pepsi, Coca-Cola, Danone, Nestlé et Naya s’en sont donnés à cœur joie en pompant notre ressource hydrique sans contrôle ni perception monétaire de l’État. Devant le tollé général, la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), Line Beauchamp, a annoncé qu’à partir de 2009 les grands exploitants d’eau seront soumis à une taxe pouvant rapporter un misérable 5,5 millions aux deniers publics!  Pourtant, Québec devrait taxer davantage ces compagnies qui aspirent l’eau de nos rivières, de nos lacs, de notre nappe phréatique sans créer le moindre emploi de qualité et concourir à la prospérité économique du Québec.

Notons qu’en Alberta, seulement dans le domaine des sables bitumineux, la province a pu engranger plus de douze milliard$ en redevances – douze milliard$!- et cela pour une seule et unique ressource!

Le peuple québécois, jadis colonisé de la couronne britannique et maintenant colonisé du capital américain, a constamment su courber l’échine comme une bonne populace servile habituée à se faire piétiner en vendant ses richesses naturelles pour une bouchée de pain à des intérêts étrangers.

Une dette publique de l’ordre de celle que nous possédons actuellement est une aberration.  Il existe un véritable décalage entre notre capital de trésors naturels et la condition de nos états financiers publics.

Après tout, le territoire du Québec regorgeait et regorge encore de richesses naturelles et nous devrions, en rapport à notre petite population et notre faible occupation du sol, n’avoir aucune dette de la dimension de celle qui accable actuellement nos finances publiques.

Une somme colossale a été tirée de nos poches au fil des décades et s’est enfuit hors de nos frontières à notre plus grand désavantage.  Et maintenant, nous payons l’addition de notre laisser-faire et de notre laxisme.

Ce n’est pas le filet social dont notre peuple s’est doté qui est la cause de notre endettement collectif, comme tente de nous faire croire la bien pensante élite mercantile nord-américaine qui a le culot de nous culpabiliser pour notre solidarité sociale, mais bien le vol de nos ressources naturelles par cette dernière.